"Le mot "huacho" revêt plusieurs sens. Cela peut signifier "fils illégitime" mais il peut aussi être utilisé comme une offense ou une insulte : "bâtard". Dans la région du Chili où le film se passe, "huacho" désigne essentiellement des personnes ou des objets abandonnés. Dans le film le mot se rapporte à l'abandon. J'ai voulu montrer comment on laisse tomber les gens dans les campagnes, les abandonnant ainsi à leur destin." explique Alejandro Fernández Almendras.
Pour éviter tout stéréotype sur les paysans, Alejandro Fernández Almendras a préféré prendre des acteurs non professionnels. En effet, au Chili, les accents varient beaucoup selon la classe sociale, la région, le travail que les gens exercent. Le réalisateur trouve que les paysans sont trop souvent caricaturés dans les films car les acteurs exagèrent leur accent et leurs gestes. Alejandro Fernández Almendras ajoute : "Je voulais aussi faire un film très physique. Un film sur les travailleurs ; des gens qui sont constamment en mouvement. Pour moi un acteur professionnel ne peut pas s'empêcher de " jouer " l'action, car tous les gestes d'un paysan ne lui sont pas familiers. Cornelio ne pense pas à ce qu'il fait. Quand il coupe du bois, il le coupe. Clemira ne pense pas au fait de faire du fromage, elle le fait, et elle l'a fait toute sa vie. Cette réalité du quotidien est quelque chose que je pensais pouvoir obtenir difficilement avec des acteurs professionnels. La plupart des personnages vivent dans ce film comme dans leur réalité. Maria Ines, la patronne de la ferme touristique, est la vraie propriétaire de cette ferme. Tout ce qu'elle dit et fait est l'exacte réalité des choses. C'était crucial pour moi."
Le choix de prendre Alejandra Yáñez a été une évidence même si au début, ce n'était pas elle qui auditionnée. "Alejandra s'est surtout présentée parce que son fils voulait jouer dans le film. Mais quand le directeur de casting l'a vu il a pensé qu'elle était très bien pour le rôle. explique Alejandro Fernández Almendras. Elle a un visage que l'on voit très peu dans les films ou à la télé, parce qu'il ne correspond pas à l'idée générale de la beauté au Chili. Elle n'avait jamais joué auparavant, mais elle se déplace avec une telle grâce à l'image que c'est comme s'il n'y avait pas de caméra." Quant au jeune Manuel Hernández, le réalisateur s'est très vite identifié à lui. Malgrè son inexpérience, il avait une attitude très professionnel. Alejandro Fernández Almendras note : "Je lui donnais des instructions et il réagissait superbement à chaque suggestion. Il offrait tellement de représentations différentes... c'est un vrai petit Mozart !". Le personnage de Cornelio a, lui, été le plus difficile à trouver, notamment à cause de l'âge du personnage."Trouver quelqu'un de son âge qui accepte de jouer dans un film a été un vrai challenge. Il nous a fallu plusieurs mois de recherche." explique le réalisateur. Et impossible de mettre une petite annonce dans un journal local comme pour d'autres rôles. Alejandro Fernández Almendras déclare qu'avec l'équipe de casting, "nous avons arpenté beaucoup de petites villes les jours de marché, pour observer. Un jour, dans une gare routière, nous avons trouvé un homme qui correspondait parfaitement. Et nous avons eu raison. C'est le vrai Cornelio. Il est comme ça. Il adore raconter des histoires, et les gens aiment l'écouter. Je pense qu'il est le personnage le plus réaliste du film."
"L'impulsion de base fut celle du Fonds Sud du CNC. Nous avons ensuite obtenu le World Cinema Fund de la part du Festival de Berlin. Charivari Films en France et Jirafa Films au Chili ont complété, avec Arte, le budget qui est d'environ 1 M€" explique Alejandro Fernández Almendras
Huacho est présenté en compétition dans le cadre de la Semaine de la Critique du 62e Festival de Cannes.
Huacho a été présenté au Festival International du Film de Bangkok.