En Chine, il existe une tradition qui veut que l'on fasse une cérémonie de lancement de tournage, ce qui fut le cas pour le long-métrage Voyage en Chine. Celle-ci s'est déroulée à Langzhong, en présence de l'équipe du film, des autorités locales et du Consul général de France. Zoltan Mayer, le réalisateur, a posé ses valises avec son équipe en Chine durant trois semaines, où ils ont navigué entre Langzhong (ville se trouvant dans le Sichuan) et Shanghai. Une seule et unique semaine a été réservée pour le tournage en région parisienne.
Evoquer la Chine dans son premier film était une évidence pour Zoltan Mayer. Après avoir passé quelques temps dans ce pays et ayant appris la langue, celui-ci est totalement tombé sous le charme de l'ambiance que confère la Chine et son peuple. "Je suis né dans une famille très métissée où se mêlent les origines hongroise, sénégalaise, chilienne, grecque ou italienne. Je me suis senti dès l’enfance attiré par les cultures extrême-orientales et plus particulièrement par la culture chinoise, le peuple chinois, son écriture et sa littérature. Il y a dix ans, j’ai commencé à apprendre le chinois et six mois plus tard j’ai fait mon premier voyage en Chine. Je suis particulièrement sensible au charme de cette langue monosyllabique, si différente des langues européennes", confie-t-il.
Tourné dans la région centre-ouest de la Chine appelée le Sichuan, le réalisateur Zoltan Mayer explique qu'il a choisi ce lieu en raison du mélange des religions et de la forte représentation taoïste qui confère à son film une spiritualité correspondant à l'état d'esprit du personnage de Yolande Moreau, qui après avoir perdu son fils, va découvrir la vie qu'il menait en Chine. De plus, l'omniprésence de la végétation dans cette région représente en quelque sorte ce fils décédé qui accompagne sa mère dans son deuil. Il ajoute : "C’est par certains détails végétaux et animaux (par exemple un gecko dans le cadre d’une fenêtre) que le film raconte le cheminement de Liliane. Comme si, après la perte de son fils, elle était conduite par une force qui la dépasse et va peu à peu l’entraîner dans la vie."
Alors qu'il n'en était qu'à la rédaction du scénario, Zoltan Mayer pensait déjà à proposer le rôle principal de son film à Yolande Moreau. Il raconte : "L’idée du film m’était venue à l’occasion d’un voyage en Chine avec ma mère, mais c’est avec Yolande que tout s’est mis en place. Sa présence m’a accompagné tout au long de l’écriture, avant même d’avoir son accord. Et le film ne se serait pas fait si elle avait dit non."
Il règne en Chine une ambiance bien particulière que le metteur en scène a souhaité retranscrire à travers le cadre et la lumière de son film. Celui-ci a cherché à mettre en évidence une simplicité visuelle, sans superflu et avec une lumière naturelle, pour une atmosphère des plus sobres, pour que l'attention se porte sur la beauté des paysages, mais aussi sur les échanges entre les personnages.
Photographe de métier, acteur en 2000, dans Elle et lui au 14e étage de Sophie Blondy, monteur en 2011, dans Le sens de l'Age, aujourd'hui, Zoltan Mayer tente l'expérience de la réalisation d'un long-métrage avec Voyage en Chine. Il précise que s'il a choisi d'exercer le métier de photographe pendant plusieurs années, c'est parce qu'il ne pouvait pas faire du cinéma. Le désir de se retrouver derrière la caméra a toutefois fini par avoir le dessus.
Avant le début du tournage, Zoltan Mayer a réuni ses acteurs autour d'une table dans le but de détailler les personnages de chacun et pour que les comédiens soient les plus à l'aise possible.
Toujours dans un souci de garder une atmosphère sobre, la musique reste très simple dans Voyage en Chine. Il fallait que celle-ci représente la sensibilité qui émane des images. De la même façon, les bruitages ont été étudiés avec précision, ainsi, trois catégories ont été établies : les sons liquides, les sons cristallins et le chant des oiseaux accompagné des cris des enfants (représentant la présence du fils décédé).