La République Marseille est en fait composé de sept films de Denis Gheerbrant (courts, moyens et long métrages) pour une projection de six heures : La totalité du monde (14 min), Les Quais (46 min), L'Harmonie (53 min), Les femmes de la cité Saint-Louis (53 min), Le centre des Rosiers (64 min), Marseille dans ses replis (45 min), et La république (85 min).
Le cinéaste Denis Gheerbrant est très lié avec Marseille. En 1980, il s'est occupé de l'image du film L'Heure exquise de René Allio, l'occasion pour lui de développer sons sens de l'observation. Pour le cinéaste c'est donc d'abord " une histoire de filiation cinématographique, même si Marseille n'est pas absente de ma propre généalogie. Plus tard, j'y ai tourné régulièrement, avec Alain Bergala, entre autres. Puis j'y ai tourné des séquences de Et la vie, avec ma grosse Betacam sur les plages ou dans les cités. Je m'y suis fait des amis. "
Denis Gheerbrant a une vision quasi magique de la ville : " Marseille travaillait en moi comme un pays imaginaire, un monde peuplé de récits, le lieu d'une parole ouverte, où l'on pouvait avancer l'hypoyhèse que l'autre soit considéré comme une richesse avant que de représenter une menace. "
Pour réaliser son film, Denis Gheerbrant s'est mis dans la peau d'un étranger à Marseille. Il a effectué un grand travail de préparation et de repérage en amont. Il a effectué de nombreux allers retours entre Marseille et Paris, tenant un carnet de bord relatant ses rencontres et ses découvertes. Ses repérages ont duré un peu plus de six mois avant de tourner à partir du printemps 2006 à la mi-juillet 2007. Le cinéaste avoue s'être retrouvé complètement désorienté pendant un moment face à tous les lieux qu'il avait visité, et surtout face à toutes les personnes qu'il avait rencontré : plus de 200. Mais au bout du compte, à force de travail et d'acharnement, " une forme cinématographique a commencé à se dégager ".
La plus grande difficulté dans la mise en chantier d'un film, c'est de trouver un financement. Ce fut le plus dur pour le réalisateur, puisque personne ne croyait en son projet excepté son producteur Richard Copans, Les Films d'Ici. Mais " Petit à petit, le conseil régional a mis les premiers euros, Alexandre Cornu, Les Films du Tambour de Soie, a trouvé une chaîne cablée à Marseille, qui s'engageait sur la base de 4 fois 52 min. Les film d'Ici ont affecté leur caméra HDV à mon projet, j'ai été acheter un sac à dos au " Vieux campeur " pour pouvoir l'y glisser discrètement, et à moi Marseille ! "
Denis Gheerbrant a tourné les sept films que compose La République Marseille en même temps, n'hésitant pas à passer d'un tournage à l'autre dans le même journée. Le réalisateur se souvient : " J'ai tourné vite, peut-être sur une période d'un mois, Les femmes de la cité Saint-Louis, alors que le tournage du Centre des Rosiers et surtout de La République s'est étalé sur toute cette année et demi, 2006-2007. Mais c'est lors du printemps 2007 que j'ai le plus tourné, avec la plus grande acuité. "
Denis Gheerbrant a tout filmé seul, un moyen pour lui de s'assurer la confiance des gens, de créer un tournage dans l'intimité, ce qui contribue à la spontanéité des rapports avec les personnes interviewées.
" Depuis que nous travaillons ensemble, Richard Copans et moi-même, c'est-à-dire depuis une trentaine d'années, nous avons toujours posé les questions d'argent en termes de temps de tournage et de montage, de moyens icompressibles, de revenu annuel nécessaire, allocation chômage comprise. J'avais estimé qu'il me faudrait un an et demi de tournage, plus d'un an de montage. Il y avait là une inconnue majeure, celle de la durée du film monté. J'ai donc nettement dépassé ! Il faut aussi dire que je suis allé bien au-delà d'un montage image, puisque j'ai fait l'étalonnage, le montage son et une ébauche de mixage ".