Un film pas mauvais que ce Mary Reilly, mais qui laisse un peu trop indifférent à mon sens et c’est relativement gênant, car pourtant les acteurs s’investissent réellement.
En effet les interprètes font vraiment beaucoup et à mon avis c’est eux qui portent réellement le métrage. Julia Roberts s’empare on va dire du rôle principal, et elle se débrouille vraiment très bien, composant un personnage crédible, avec ses fragilités, et son jeu, fin et sans excès est très plaisant. Il contraste bien d’ailleurs avec le jeu beaucoup plus incisif de John Malkovich, plus tranchant, plus rude, campant deux personnages au tempérament marqué. Il est parfois pas très loin du cabotinage, mais il évite toujours l’excès. Les seconds rôles sont eux aussi prestigieux, et on reconnaitra bien sûr Glenn Close dans un rôle truculent mais un peu vain.
Le scénario souffre pour ma part de certaines longueurs, et d’une narration pas vraiment des plus attrayantes. Mary Reilly reste un peu trop démonstratif, et ça manque curieusement de sensation, de sentiments, de vie pour reprendre le héros ! Le film à du mal à faire vibrer, a du mal à imposer de la tension, et on se retrouve du coup avec un métrage un peu empesé, aux belles images, mais à l’intrigue moins digeste. Je ne nierai pas que je me suis parfois ennuyé, peut-être à cause d’une gradation peu enthousiasmante, le film accusant une baisse en termes d’enjeu dans son milieu.
Visuellement Mary Reilly est un film en costume de belle facture, là-dessus il n’y a rien à redire. Les décors sont beaux, l’ambiance propose quelques très bons moments dans les brumes et les rues nocturnes du Londres victorien. Ceux qui aiment ce genre d’ambiance seront satisfaits, d’autant que le film n’est pas blindé d’images numériques et c’est heureux. La bande son aussi est de qualité, et quelques effets sanglants viennent agrémenter l’ensemble. Quant au travail de Stephen Frears en lui-même ce n’est pas forcément le top du top. Je dirai que pour un réalisateur de ce calibre il livre une mise en scène un peu trop posée, un peu trop démonstrative à l’image de l’intrigue. C’est propre, mais on pouvait attendre plus de sa part.
Mary Reilly restera donc à mon sens un petit film sympathique pour une soirée, et mérite le visionnage si on aime le genre, mais on n’est pas dans un grand Frears et on reste un peu tiède devant une intrigue qui manque de piquant. Pas déplaisant, mais c’est plus joli qu’envoutant. 3.