Je m'attendais à assister à une satire de notre société, reflétant une critique profonde du système capitaliste. Ou bien sinon, peut-être une aventure délirante autour d'un jeu aux règles aussi originales que sordides. Je n'ai eu ni l'un ni l'autre. Enfin à vrai dire si, sur le papier il y a les deux, mais les idées pour le montrer sont tellement médiocres que ça reste extrêmement platonique. "Hunger Games" n'est finalement rien d'autre qu'un film pour ados, qui veut aboutir sans se donner la peine d'être convainquant à l'émergence d'un personnage emblématique, Katniss interprétée par Jennifer Lawrence. Comme pour tout film d'ados, une histoire d'amour compliquée, sauf que là on ne comprends absolument pas la tournure que prennent les sentiments de la principale concernée. Elle devient subitement amoureuse, juste parce que c'est écrit dans le scénario, il n'y a rien de tangible à cela au vu des faits, aucune véritable raison à ce qu'elle commence à tomber sous le charme. C'est même le contraire qui aurait dû se passer, en se rangeant aux côtés d'une
équipe averse dès le début du jeu, Peeta trahit Katniss, il les aide même à suivre des pistes tangibles pour la traquer. L'héroïne, de son côté non seulement lui pardonne direct cet acte de trahison qui aurait pu lui coûter la vie, mais en plus a pitié de lui sans même ressentir une
rancune totalement justifiée. Ensuite, histoire d'apporter un peu de fond à l'histoire, un questionnement sur la société avec la classe ouvrière d'un côté, vivant dans la pauvreté malgré ses labeurs quotidiens, et la classe bourgeoise de l'autre, oppressante, profiteuse, vivant dans la luxure et la démesure sans fournir le moindre effort. Comme si le concept était totalement nouveau, le sujet n'est exploité qu'en surface, les coulisses sont très peu dévoilées. La simple idée de cette vision volontairement caricaturale à l'excès semble être convaincante du point de vue des scénaristes. Une auto-suffisance qui plombe ce qui aurait dû être l'essence même du récit. Enfin pour ce qui est du Hunger Game à proprement parler, rien d'impressionnant là non plus, rien de choquant ni d'intriguant. La monotonie règne, on sait tous à quoi ça va aboutir, et les semblants de retournements de situation sont vraiment ridicules. Les conséquences de certains actes sont tantôt minimisées, tantôt amplifiées, sans que cela ne tienne la route. C'est juste écrit dans le scénario, une fois encore : ça doit finir comme ça. Les médias, pourtant omniprésents, ne savent pas nous signifier l'ampleur des enjeux. Encore une fois, le fait de caricaturer la chose semble suffire. On est loin d'un "Truman Show" par exemple, où le spectateur tient une place importante dans le récit, rendant plus palpable la portée de ce qui est en train de se passer. Avec un concept de base pas bête du tout qui aurait pu être exploité de manière plus approfondie, plus réaliste, avec plus de sérieux et moins de futilités, on a de quoi rester sur notre faim.