L’adaptation de la célèbre saga littéraire pour adolescents signée Suzanne Collins est adaptée au cinéma par Gary Ross, toujours à destination d’un public relativement jeune. Si Hunger Games est prédestiné à remplacer au créneau des succès commerciaux la franchise nauséabonde Twilight, il convient incontestablement d’admettre que l’on ne se bat plus ici dans la même catégorie. Oui, non qu’il soit un réel succès critique, le premier volet de la franchise est un succès commercial incontestable et permet surtout de mettre en avant les qualités indéniables de sa comédienne principale, Jennifer Lawrence. Si les cinéphiles plus chevronnés auront déjà repéré la demoiselle dans Winter’s Bone, révélation du festival de Sundance, l’ensemble de la planète cinéma fait la connaissance d’une nouvelle star qui maintenant se targue déjà d’un Oscar et d’une carrière très florissante. Oui, Hunger Games semble avant tout être le tremplin vers les succès pour son actrice, interprète que l’on aura encore l’occasion de côtoyer trois fois de plus dans la peau de Katniss Everdeen.
S’il est un film grand public, le premier volume de la saga n’en reste pas moins un film moralement difficile à appréhender. Oui, si un public mature y verra une relecture populaire du monument japonais qu’est Battle Royale, l’adolescent type, lui, y verra une aventure sombre hautement divertissante. Nul artifice n’est réellement choquant, ni même bouleversant, non, l’on prend simplement la place du public voyeuriste face à cette bande de jeune qui s’entretue. Admettons dès lors que la saga de Suzanne Collins se base sur une idée relativement osée. C’est bien là la force narrative du film, incontestablement le seul moteur pour tenir en éveil un public mature face aux facilités du scénario, aux légères niaiseries amoureuses et sociales qui parachèvent de déclencher une certaine empathie envers le travail de Gary Ross. Oui, l’actrice principale est excellente. Oui, le script est intéressant, d’un point de vue suspens, mais Hunger Games, 1er acte, reste un produit de divertissement dédié aussi simplement qu’évidemment à une public adolescent.
Coté technique, mise en scène, la réalisation nerveuse de Gary Ross, puisant sa logique dans les mécaniques mouvantes de notamment Paul Greengrass, ne rend pas franchement hommage à l’histoire narrée. Certes l’action se devait d’être saisissante, mais à quoi bon trembler derrière sa caméra en filmant des scène de transition? Bref, si les intentions du réalisateur sont louables, admettons que la bonhomme ne semble pas convaincu par sa démarche, d’où certainement son remplacement pour la suite de la franchise. Pour autant, les décors sont relativement soignés, les costumes plutôt originaux, quoique conspués en ce qui concerne les costumes des habitants du capitole et le rythme s’avère plutôt tendu malgré une durée supérieure aux deux heures d’usage pour ce genre de production. Constat donc mitigé pour le travail du metteur en scène. Un réalisateur qui aura par ailleurs eu une chance énorme, celle de pouvoir compter sur une star naissante.
Je ne reviendrais donc pas sur la légitimité du succès commercial du Hunger Games, relativement mérité tant jusqu’alors, les supports cinématographiques destinés à l’adolescence étaient caractérisés par le mauvais goût, leurs niaiseries successives. Le film de Gary Ross marque tout simplement le top départ d’une franchise plutôt riche et intéressante, une vraie saga pour le moins captivante si l’on se place du coté du public cible. Pour une fois qu’Hollywood ne se moque pas du jeune public, prenons donc le train en marche. 12/20