Twilight, c’est fini, Hunger Games, ça ne fait que commencer. En ces temps où le film d’adolescent est en vogue, Hunger Games a su s’attirer les louanges de pas mal de monde. Tout ça parce que…Jennifer Lawrence. Sauf que Jennifer Lawrence, ça ne suffit pas à faire un bon film.
Après une guerre résultante du soulèvement de la plupart des districts (il y en a 12 en tout, composant, le pays Panem) contre le Capitole, les dirigeants de ce dernier ont décidé d’instaurer un système très astucieux. En cherchant dans leurs références japonaises, ils prirent la décision de créer une vraie Battle Royale (voilà donc pour le plagiat sympathique). Viennent alors quelques discours très superficiels sur la nécessité de contrôler le peuple en lui donnant un gagnant parmi vingt-quatre participants, l’espoir étant plus fort que la peur. Cela n’empêche pourtant pas certains districts d’être très pauvres et délaissés du Capitole. Là vient le premier problème d’un film voulant afficher une dictature implacable, il oublie d’en construire une intelligente, qui sait faire le bonheur de son peuple et utiliser la propagande (tout bon communiste leur aurait rappelé). De même les élans subversifs tombent complètement à plat, handicapés par une mise en scène inexistante. Tout ce discours sur le pouvoir ne pourra donc s’avérer pertinent.
Nous suivons Katniss, une adolescente qui va permettre de faire apparaître des clichés tels que la famille marquée par un deuil, le fameux conflit mère-fille…ne pouvons-nous avoir des familles normales ? Elle est incarnée par une Jennifer Lawrence en manque d’inspiration (ou mal dirigée, surement les deux) puisqu’elle fait pratiquement tout le temps la même tête (serait-ce le syndrome Bella Swan ?). Cette dernière est accompagnée de Peeta, petit sandwich libanais à la mèche blonde qui lui aussi exprime difficilement quelque chose. Ces personnages semblent perdus et de ce fait, n’emportent pas le spectateur avec eux, en outre, ils auraient mérité plus de développement. Heureusement pour nous, d’autres personnages hauts en couleur viendront pimenter ce film (ironie). Ainsi, des vents d’imagination les plus improbables sortent l’ivrogne sympathique, les riches imbus d’eux-mêmes, le présentateur surexcité, le méchant aux yeux vicieux et la méchante aux yeux vicieux du District 1 (les méchants), Wikus van der Merwe et Christopher Johnson du District 9.
Dès lors peuvent commencer les Hunger Games. S’il n’était pas très efficace avant, le scénario s’effondre ici complètement, tout se délite, une multitude de fondus viennent combler les vides de l’histoire. Nous aurions du sentir le coup venir, quand on nous donne non pas une, non pas deux, non pas trois scènes de repas aux dialogues stéréotypées et que certaines répliques n’ont aucun sens, on se dit bien que le film aura du mal à raconter quelque chose sans faire parler nos personnages. C’est exactement ce qui se passe. En plus de facilités d’écriture inadmissibles (triangle amoureux, sœur de substitution) le récit devient complètement amorphe, ne cherchant pas à approfondir ses personnages.
Notons que tout cela est assez mal filmé et bizarrement cadré. La caméra bouge en montrant quelque chose qui ne bouge pas, peut-être est-ce vu comme la volonté de dicter un mouvement à des choses inanimées, traduisant la dictature sans limites, sauf qu’en l’état, c’est assez inefficace. Nous retrouvons des tentatives de mise en scène beaucoup trop courtes pour qu’elles aient de l’effet, et des clichés de réalisation tels que le découpage très prononcé lors d’une scène de célébration, ou un plan fixe dans les yeux du méchant (qui a des yeux méchants bien entendu). De plus, la réalisation de Gary Ross se fait très lourde, se divisant en beaucoup trop de plans pour montrer une seule et même chose. Cela sent alors le travail prémâché sans personnalité.
Enfin le film parle de choses mille fois traitées, le faisant sans imagination. Il s’agit de dénoncer l’oppression du peuple, de montrer que les pauvres sont gentils et les riches superficiels à travers des costumes grotesques et bien sûr de livrer le message si rabâché des films pour ados, qui dans le film s’exprime sous la forme suivante : « blablabla qui je suis blablabla rester moi-même ». Le plus gros échec du film est en vérité son héroïne, très mal mise en valeur par le scénario. Elle est supposée à elle seule délivrer la plupart des messages, ce qui n’est pas fait, mais doit également s’imposer comme symbole de la révolution, un espoir trop grand pour être ignoré. Hélas cette personnification de la révolte populaire ne fera que l’objet d’une scène et viendra sans préparation, rendant son arrivée faible de sens et de puissance, à l’image d’un film trop fainéant pour sortir des sentiers battus.