Ah Transformers ou l'éternel débat : un blockbuster décérébré peut-il être considéré comme une oeuvre cinématographique digne d'intérêt et de reconnaissance ?
Ce n'est en tout cas pas l'avis de nombreux critiques qui s'ingénient à descendre en flamme chacun d'eux à leur sortie, paraissant à chaque fois outré et surpris du manque de scénario, de consistance dramatique et j'en passe. Mais il faut faudra bien qu'ils finissent par sortir de leur rôle de critique auteuriste et arrêtent de se mentir ! La saga Transformers a bénéficié d'une promo assez conséquente pour qu'ils sachent à quoi s'attendre en allant voir ce troisième opus ! Et cette réaction ne se trouve pas uniquement chez les critiques : rien que sur ce site, certains continuent à marteler des "pfffff naze y a pas de scénar !" et autres inepties du genre.
C'est sûr que si on s'attend à Citizen Kane quand on va voir des robots-voitures qui se foutent sur la gueule, on risque fort d'être déçu...
Voilà, ce petit coup de gueule passé, entrons dans le vif du sujet ! Le premier Transformers ayant divisé les foules, certains appréciant le spectacle dans son ensemble, d'autres étant trop insupportés par l'humour bas du front de la famille Witwicky, et le second opus ayant dans l'ensemble déçu par son humour scabreux harassant, son manque de rythme et son absence totale de scénario, Bay avait promis de gommer toutes ces erreurs et d'offrir à son public un final digne de ce nom. Et dans l'ensemble, on peut lui reconnaître un gros effort : les blagues scabreuses ont quasiment disparus, les insupportables parents Witwicky n'apparaissent pas plus de 5 minutes, et on peut noter une...tentative de scénario.
En effet, si l'utilisation d'Apollo 11 dans une théorie du complot liée aux Autobots est amusante, elle se révèle bien vite lassante, le film comprenant une heure d'enquête post-guerre froide aussi inintéressante qu'inutile. C'est ici que nous touchons au plus grand problème, la plus grosse erreur que Bay n'a pas corrigée depuis ses deux précédents opus : la durée ! Malheureusement, ce troisième comme les deux autres dure 2h30 ! 150 minutes, ça passait avec Inception, mais parce qu'il avait un scénario en béton. Là, c'est plus dur. En réalité, si Bay n'avait conservé que la dernière heure de son film, Transfomers 3 aurait pu être un des meilleurs blockbusters de cette année. Citons Filmactu : "Il faudra savoir faire fi de la première heure et demi du film pour pouvoir parfaitement apprécier la dernière partie, qui est peut-être ce que Michael Bay nous a offert de plus fou et de plus grandiose depuis qu'il est dans le circuit." C'est tout à fait juste. Le film est en réalité composé de deux parties.
Il commence par la recherche d'emploi du jeune Sam (Shia LaBeouf, remplissant son cahier des charges) et la présentation de sa nouvelle copine (Rosie Huntington-Whiteley, remplaçant agréablement la fatigante Megan Fox). Viennent s'ajouter Patrick "Dr Mamour" Dempsey dans un rôle ambigu qui risque de traumatiser à vie les fans de Grey's Anatomy, Frances McDormand dans un rôle caricatural qui noie malheureusement son talent, John Malkovich qui passait par là pour une apparition aussi surprenante qu'inutile et enfin John Turturro qui a réduit son cabotinage depuis l'épisode précédent.
Et malheureusement, cette introduction à la bataille finale dure 1h30, le film mettant 15 plombes à mettre en place ses enjeux (qui auraient été compréhensibles en 20 minutes...). Et si quelques scènes d'actions viennent légèrement pimenter cette fastidieuse première partie, elles sont malheureusement annulées ensuite par des scènes de dialogues rébarbatives et des situations incongrues (Ken Jeong cabotinant dans les toilettes avec LaBeouf).
En bref, on trouve quelques bons éléments dans cette première heure et demie, mais...il faut quand même se la taper...
Heureusement, une récompense nous attend si l'on tenu jusqu'ici : une dernière heure apocalyptique absolument jouissive !
Cette dernière partie, se concentrant intégralement sur la destruction de Chicago par les Decepticons et la résistance des Autobots et de quelques marines, comprend des scènes aussi improbable que visuellement bluffantes ! Des marines volants à travers des gratte-ciels, les héros glissant le long d'un immeuble alors que celui-ci se fait détruire par un ver géant, Shia LaBeouf pendu au bout d'un fil et balancé entre les murs par un Decepticon, un travelling latéral suivant Optimus Prime charcutant ses ennemis au ralenti, et encore tant d'autres explosions et destructions.
Le spectateur intelligent ayant compris à quoi s'attendre sera venu pour voir ça et il sera comblé. Michael Bay est un bébé irresponsable à qui on a fait l'imprudence de confier des milliards. Du coup, il pète tout, avec un plaisir de gamin tout à fait communicatif. Et ça, en début d'été, ça fait du bien !