Tâches répétitives, journées identiques, lumière blanche qui annule les contrastes et réduit les perspectives, dès le départ le ton est donné. On suit Ander, quadra célibataire vivant seul avec sa mère et sa jeune sœur dans une ferme du pays basque. Le père est mort, Ander a pris sa place à la table et à la ferme, travaillant aussi à l’usine pour nourrir la famille. Sa sœur va bientôt se marier et quitter la maison. On devine que l’existence d’Ander est davantage née du « c’est comme ça » que d’un véritable choix de vie. La vie n’est pas joyeuse, mais pas triste non plus, juste monotone. Ander se casse la jambe et embauche Jose, ouvrier agricole péruvien, pour le remplacer. Tout ici est nuances et non dits, communication minimale mais émois bien réels, désirs de fuite, de solitude, de sexe. Ander retrouve le goût de la plaisanterie, Jose se montre attentionné et chaleureux, la vieille mère a le cœur fragile, le voisin paye Reme, qui élève seule son enfant, pour faire l’amour. Avec une belle simplicité, un jeu d’acteurs subtil, des dialogues a minima mais toujours à propos, le film nous élève peu à peu pour nous conduire vers un avenir plus radieux offrant aux personnages une existence qui correspondra mieux à leurs aspirations. Ander va aimer Jose, Jose va aimer Ander, tous deux vont aimer Reme qui comprend avant eux ce qui leur arrive. Mis à part une scène de sexe totalement improbable, le film brille par sa justesse et son humanité. Ni revendicatif, ni donneur de leçons, faisant de l’être humain le sujet d’un récit à la croisée de plusieurs histoires d’amour, récit dans lequel les êtres savent donner, se rebellent pour comprendre, Ander marque par sa profondeur et sa délicatesse.