Matière brute, énergique et inflammable en auto-combustion permanente, manège à coups, Sang-Hoon pratique la distribution générale et équitable de gnons. Tout le monde aura sa claque, sera molesté, injurié, tapé, tabassé en règle : les tyrans domestiques, pères minables qui se vengent de leur nullité en brutalisant épouses et sœurs en toute impunité dans l'intimité du foyer, les victimes elles-mêmes pour se laisser faire passivement, les enfants, personne n'est épargné, pas mêmes les auxiliaires de sa bande de recouvreurs de dettes par la manière forte (et notamment l’irrésistible Hyung-In et ses pulls colorés, et le patron orphelin, figure pivot). Constellé d‘insultes qui tiennent lieu de ponctuation, entre nombre de vertus pédagogiques, ce film nous apprendra le mot « shiba » qui sert ici de point (poing final ?) puisqu’il termine presque chaque phrase. Puis Sang-Hoon crache sur Yehon-Hee, une lycéenne qui lui tient tête. Ces deux là, sans rien se raconter de leur vie respective qui offre bien des points communs dans la misère familiale et affective (ils se diront même assez tard leur prénom), au fil de leur rencontre et rendez-vous improvisés après leur propre journée, vont se trouver et s'unir l’air de rien en une famille recomposée de toute pièce : le voyou, la lycéenne le petit neveu muet, créant au milieu de ce chaos brutal, une oasis de tendresse inouïe à pleurer, descendance improbable du trio Jim Stark, Judy et Plato de la Fureur de Vivre. Les affinités électives version baston. Bouleversant. À voir absolument.