Excellent! Encore une fois un cinéaste coréen frappe fort, cette fois-ci il s'agit du talentueux acteur/réalisateur Ik-June Yang, endossant pour son premier long métrage le rôle du personnage principal, ivre de fureur et de violence. Dans le sillage de certains Kim Ki-Duk, Lee Chang-Dong ou Bong Joon-Ho, «Breathless» est un drame tragicomique qui met en scène un anti-héros brutal et complètement incontrôlable, un « bad guy » passant ses journées à trainer dans la rue ou à tabasser des débiteurs récalcitrants. On apprend peu à peu à connaître Sang-hoon, le suivant au gré de ses altercations, et le film gagne en profondeur à mesure que le temps passe : plus que la chronique de jeunes gens marginaux à l'avenir impossible, c'est toute une société qui nous est dépeinte, principalement par le prisme des relations humaines et surtout de la famille. Comment parler de «Breathless» sans évoquer la paternité? Parents absents ou violents, irresponsables, malades ou marqués à vie par la guerre, le long métrage de Ik-June Yang passe au crible la figure du père. Mais loin de se focaliser dessus, «Breathless» dessine en filigrane une société coréenne gangrenée par la lâcheté, la violence domestique ou l'éclatement de la cellule familiale. Heureusement, le style limpide et acéré de Ik-June Yang lui permet de traiter le sujet avec une aisance folle, puisque son scénario sans souffrir d'aucun temps mort sait ménager des moments plus intimistes, voire contemplatifs (le montage est à ce titre lui aussi excellent). À l'image de ses talentueux compatriotes, Ik-June Yang a réussi à trouver malgré quelques maladresses le ton juste, non sans rappeler les fracassants débuts de la Nouvelle Vague française, à laquelle cette « nouvelle vague » coréenne, porteuse d'un souffle nouveau, peut en un sens être comparée. Et le principal atout de cette nouvelle vague coréenne, c'est cette écriture tantôt grotesque tantôt désespérée, suivant les méandres de la vie en somme, faisant preuve d'une justesse salvatrice. Pour de nombreuses raisons, le cinéma coréen est au plus haut et risque de le rester un bout de temps. Inoubliable. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/