Suite à une fusillade en 1981, le jeune contestataire Mumia Abu-Jamal est blessé et accusé du meurtre d'un policier. Après un processus judiciaire très polémique, marqué par des tentatives de chantage et des témoignages contradictoires, Abu-Jamal est condamné à la peine capitale par un juge très favorable à cette pratique. Malgré les protestations publiques, il est toujours emprisonné et sa peine n'a pas été modifiée.
Livia Giuggioli Firth, épouse de l'acteur Colin Firth à l'origine de ce projet, s'est intéressée à ce sujet au moment où elle a constaté que la date de naissance du collègue William Francome coïncidait avec celle de l'arrestation de Mumia Abu-Jamal. Avec le producteur Domenico Procacci, les couples Firth et Francome ont alors décidé de partir à la recherche d'informations sur cet homme condamné à mort, et ensuite d'en faire un film.
L'équipe de Toute ma vie (en prison) ne cache pas le fait que la notoriété de l'acteur Colin Firth, Oscar du meilleur acteur pour Le Discours d'un roi en 2011, a été indispensable à la concrétisation de ce projet. En fait, Firth s'est occupé de trouver les financements nécessaires à la production du documentaire.
Pour réaliser ce projet, les producteurs ont immédiatement pensé à Marc Evans, réalisateur qui alterne les documentaires et les fictions, tous très bien accueillis par la critique. Il est l'auteur notamment de Snow Cake, sélectionné au Festival de Berlin en 2006, et Patagonia, exhibé au Festival de Londres. Evans connaissait d'ailleurs Colin Firth depuis la réalisation de Trauma (2004), thriller dont le britannique est le protagoniste.
En choisissant de suivre la version de l'histoire telle qu'elle est racontée et vécue par William Francome, 29 ans, les producteurs voulaient montrer que la lutte pour l'abolition de la peine capitale n'était toujours pas gagnée, et pourtant, "ce sont les choses que nous devrions traiter en priorité avant même de penser à juger les actes de cette nouvelle génération", estime le réalisateur Marc Evans.
Lorsque la décision de réaliser Toute ma vie (en prison) a été divulguée publiquement, plusieurs personnalités ont décidé de contribuer au documentaire, comme l'intellectuel Noam Chomsky, l'activiste Angela Davis, les musiciens Snoop Dogg et Mos Def. Malgré ces soutiens très militants, le réalisateur Marc Evans voulait éviter à tout prix un film "à charge et à décharge", présentant plutôt des documents officiels et laissant les faits parler pour eux-mêmes.
Le réalisateur se dit particulièrement fier de pouvoir compter sur le témoignage choc de Noam Chomsky, qui ne mesure pas ses mots pour affirmer que l'affaire Mumia Abu-Jamal correspond à l'un des "plus graves crimes d'Etat de notre Histoire". Il poursuit : "Le FBI a organisé l'assassinat d'un jeune contestataire, en fabriquant les évidences." Chomsky soutient entre autres que le fait de savoir si le condamné à mort est innocent ou coupable n'a aucune importance, puisqu'il serait tout d'abord absurde de conférer à un Etat le droit de tuer ses citoyens.
Avec Toute ma vie (en prison), Marc Evans avait non seulement l'intention de raconter l'histoire de cette icône de la lutte contre la peine de mort, mais aussi de réfléchir sur la situation des droits de l'homme dans les Etats-Unis de l'après 11 septembre : "Même si notre film place Mumia dans cette tradition des voix dissidentes ou contestataires, il pose également une question importante : de nos jours, qui est encore à l’écoute de ces discours ?"
Marc Evans avait conscience de toucher à un sujet très délicat dans Toute ma vie (en prison), mais il considère que le défi devait être relevé afin de comprendre l'acte même de faire du cinéma. Parmi les difficultés rencontrées, il mentionne le refus de certaines personnes à témoigner, le besoin de neutralité face à un interviewé qui exposait un point de vue contraire au sien ou encore la difficulté de parler d'une personne qui n'est pas présente, et qui ne peut pas être filmée.
Toute ma vie (en prison) a été exhibé dans pas moins de 31 festivals de cinéma dans le monde entier, remportant notamment les prix du meilleur film au Festival du Cinéma Noir de Berlin et au Festival du Film des Droits de l'Homme à Genève.