Au loin des Villages a reçu le Prix de la compétition documentaire du Festival International du film d'Innsbruck 2009. Il a également été récompensé au FID Marseille 2008 par le Prix médiathèques.
Olivier Zuchuat voulait à l'origine réaliser un documentaire sur l'attente dans le camp de réfugiés soudanais de Djabal. "Mais la situation en a décidé autrement, explique le réalisateur. Le conflit du Darfour s'est étendu dès 2006 à l'est du Tchad. Quand je suis arrivé à l'été 2007 dans le camp de Djabal, des Tchadiens de l'ethnie dajo venaient de se faire massacrer par les miliciens janjaweeds venus du Darfour et s'étaient installés autour du camp de Djabal. Ils avaient construit des camps "sauvages", s'étaient auto-organisés pour survivre grâce à la solidarité de parents qui habitaient la région et espéraient que les ONG les aident dans un proche futur. Les bilans de récents massacres ne cessaient de parvenir dans les camps. J'ai donc décidé de consacrer mon film à ces réfugiés dont personne ne parlait. On les qualifie de "déplacés" et non de "réfugiés" puisqu'ils ont trouvé refuge à l'intérieur de leur propre pays. J'ai tourné ce film dans les 5 km2 du camp de déplacés "tchadiens" de Gouroukoun. Ce n'est dès lors plus un film sur l'attente, mais également un film de guerre. Une guerre qui faisait rage à moins de 40km de là..."
Le tournage débuta en novembre 2006 avant d'être interrompu par des attaques de rebelles venus du Soudan. Le réalisateur dû attendre six mois pour que la saison des pluies rendent les routes impraticables, protégeant ainsi le camp d'éventuelles attaques.
Témoin de ces peuples massacrés dans l'indifférence, Olivier Zuchuat a tenu à les laisser s'exprimer en intervenant le moins possible : "Le dispositif choisi est donc frontal, fixe,explique le réalisateur. Il s'agit de recueillir, de "faire histoire" sans artifice. Ces massacres n'ont pas eu de témoins ; ce film en est l'une des rares traces. La question centrale pour celui qui essaie de filmer une telle situation, c'est de trouver la bonne distance. Ne pas forcer, ne pas être voyeur, ne pas "faire spectacle", mais simplement écouter, recueillir et accueillir. Une caméra qui enregistre, mais qui ne cherche pas de réponses. Au montage, j'ai également essayé de ne pas couper la parole."
La diffusion dans les salles de Au loin des villages a été soutenue par Amnesty International. Le film a également bénéficié du soutien de l'ONG italienne COOPI qui s'occupe notamment des soins de santé aux réfugiés soudanais et tchadiens dans l'Est du Tchad.