Dans le cahier des charges de tout scénariste, il y a des poncifs tire-larmes qu'il faut savoir utiliser à bon escient. La maladie mortelle, type leucémie, figure probablement tout en haut de la liste. C'est pourquoi le choix d'un tel traitement de sujet demande une vigilance accrue, le pathos facile et un peu vain étant vite arrivé.
Restless, de Gus Van Sant, sorti cette année, avait su éviter bien des écueils sur le même thème par sa volonté obsessionnelle de tourner en dérision la mort elle-même et par sa finesse tout en métaphore à évoquer le besoin de vivre, pleinement. Death of A Superhero, malgré de bonnes idées en devenir, disons-le d'emblée, n'arrive pas au même résultat. Et c'est d'autant plus dommage qu'on sent que le film avait les moyens de jouer des coudes et de se faufiler vers le haut du panier en changeant légèrement son approche. L'idée consistant à mélanger film en prises de vues réelles et passages animées, justifiés par le fait que le jeune malade soit féru dessin type comics, est bonne mais mal-exploitée. Là où les débuts du film laissaient supposer un développement de la vertu de catharsis du dessin et de sa portée symbolique à travers les aventures de ce super-héros, les passages animés ne dépassent jamais réellement le stade du simple gadget.
Au lieu de quoi, le film s'embourbe comme convenu dans tout ce qu'on pouvait attendre de son traitement très anglo-saxon du sujet, quelque part entre le film british léger sur l'adolescence -penser à Submarine, très fort, et le film indé américain faussement corrosif -type Sundance lambda.
Il s'agit de trouver un prétexte pour faire fumer un joint au jeune Donald avec son vieux, de lui arranger un coup avec une fille de joie pour le coup maussade et, comble de la supercherie moraliste, de développer une amourette avec la jeune rebelle du lycée, à coup de je-t'aime-moi-non-plus. En enrobant le tout d'une musique un peu envahissante et redondante et sans oublier de caler Andy Serkis -plus connu comme le motion-acteur de Gollum- dans un rôle de psy anticonformiste pourtant standard depuis Will Hunting et tous ses dérivés. En fait, rien de nouveau sous le soleil d'Irlande.
Lisible dans son intitulé même, Death of a Superhero, présente donc bien de surprises, puisque même son final est annoncé en ouverture. Ce faisant, difficile de louer les qualités d'un film qui sous-exploite ses bonnes idées et se recentre un peu trop vite sur la route bien trop balisée du drame médical lacrymal dont on commence sévèrement à s'accoutumer.