Depuis l’annonce du film, il y avait une assez grosse attente. En effet, il est réalisé par Ang Lee, un réalisateur connu pour ses expérimentations techniques au cinéma. Que ce soit avec l’Odyssée de Pi, où il expérimente une 3D réputée pour être l’une des meilleurs du XXIème siècle, et avec un tigre en image de synthèse photoréaliste, preuve que le remake du Roi Lion n’a rien inventé, ou bien même avec Billy Lynn où il expérimente le 4K 3D avec 120 images par seconde. Oui ce mec aime l’expérimental. Et en ce qui concerne Gemini Man, deux avancées technologiques étaient au rendez-vous. D’un côté le 120 images par secondes, et de l’autre le rajeunissement numérique de Will Smith. Et c’est là qu’on ne va pas être d’accord. Parce que si jeune peux qu’acclamer la performance du rajeunissement numérique, je ne peux pas en dire autant pour le 120 fps. En effet, bien que ma salle avait diffusé le film en 24 images par secondes, je suis contre la 120 fps au cinéma. Il faut savoir que si on sent une nette différence de fluidité entre 24 et 60 images par secondes par exemple, je peux vous assurer que le cerveau humain a beaucoup de mal à faire une nette différence entre la 60 et la 120 fps. La fluidité est presque la même. D’autant plus que je ne suis pas tellement favorable à ce que tous les films soient en 60 ou 120 fps, l’idée est louable, mais quand je vois cela j’ai l’impression que le film passe en accéléré. C’est aussi pour cela que j’ai un peu de mal avec les vidéos en 60 images par secondes. Et puis qui dit images dit traitement. 120 fps, c’est quatre fois plus d’images à traiter, donc plus de budget, plus de post production, plus de place dans les disques dur, tout ça pour du ganget. Et à l’heure où la moitié des serveurs d’Internet sont saturés de données qui polluent de plus en plus, je trouve que franchement, le 24 ou le 30 fps ça va très bien, et c’est pas vraiment la peine d’avoir un frame rate plus élevé. Mais ceci n’est que mon avis. Parlons aussi de la 3D. J’ai vu ce film en 2D, mais je peux vous assurer qu’il n’y a pas besoin de mettre des lunettes spécialisées pour se rendre compte que le film a été pensé en 3D, notamment avec certains plans aériens ou fixes, avec des objets qui se déplacent dans le décor, pour ne pas spoiler, et qui ont été clairement pensés pour l’immersion avec la 3D. Je ne peux pas juger la performance de la 3D dans le film puisque je ne l’ai pas vu dans cette configuration, mais les critiques ont été apparement extrêmement positives, alors c’est que cela doit être le cas. Je suis par contre bien plus enthousiaste en ce qui concerne le rajeunissement numérique de Will Smith pour le personnage de Junior dans le film. En effet, le rendu est époustouflant et très convaincant. Aucun plan ne fait vraiment défaut et je suis plutôt satisfait, en même temps avec un budget colossal de 138 millions de dollars pour à peine 1h40 de film, ça valait le coup de le faire. Évidemment, les scènes d’actions entre les deux personnages et surtout lorsqu’ils sont dans le même plan tous les deux, ont dû être assez difficiles à réaliser, et rien que pour cela j’applaudit bien fort. De plus, on est chez Ang Lee, et la technique est tout simplement incroyable. Les plans sont tous très travaillés et ça fait plaisir à voir. Je dirais même que Gemini Man est un miracle. Mais attention, je ne dis pas cela parce que c’est un chef d’oeuvre, je dis cela parce qu’il n’aurais jamais dû voir le jour à la base. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, et vous êtes nombreux, sachez que ce film a eu une production absolument chaotique. C’est Disney et Bruckheimer en 1997, c’est-à-dire il y a 22 ans que le projet a commencé, avec de multiples retard, des désaccord artistiques et surtout des ratages au niveau du rajeunissement numérique. Parce que oui, en 1997, le rajeunissement numérique c’était pas encore ça et la technologie de l’époque ne permettait pas encore d’avoir un rendu correct. Le projet est ensuite passé de Disney à Paramount qui est aujourd’hui le studio qui a produit le film. Le projet se concrétise finalement dans les années 2010 ou après de nombreux choix de casting, ce fut finalement Will Smith dans le rôle principal, délaissant ainsi Mel Gibson ou même Clint Eastwood. Mais malgré sa production complètement chaotique et bordélique, le film est enfin là. Alors après, bien que la technique est impeccable, l’histoire en elle même est plutôt bancale, voire même basique. En effet, toutes ces avancées technologiques et ces scènes d’actions impressionnantes sont portées par un scénario assez faible, il faut être honnête. La question du clonage est un thème qui pose des réflexions intéressantes, mais qui a aussi été déjà exploité de nombreuses fois, et on a l’impression que cette fois c’est juste le film de trop. De plus, Gemini Man accumule certains clichés ou choses répétitives dans les films d’actions modernes, ce qui du coup ne lui donne pas une excellente réputation. En revanche, malgré le scénario un peu faiblard, au moins, contrairement à d’autres blockbusters actuels, il s’agit d’une histoire originale, et on va pas s’en plaindre. Parce que 2019 a été marqué par un nombre impressionnantes de suites, de remakes, et un bon gros blockbuster avec une histoire original, c’est devenu de plus en plus rare, pour mon plus grand malheur. Gemini Man, c’est donc un petit coup de frais. L’histoire n’est certes pas non plus la plus mémorable, mais le film a un potentiel de suite, bien que je n’y suis pas tellement favorable, et dans ce monde à la limite de la dystopie cyperpunk ou Disney contrôle tout, le simple fait de voir une grosse production avoir une histoire originale entre les mains, ainsi que des techniques de réalisations novatrices et expérimentales, ça fait du bien, et moi j’achète. À noter aussi un casting plutôt convainquant. Bon il y a Will Smith bien sûr, mais aussi Clive Owen, Benedict Wong, je sais pas pourquoi mais j’adore ce mec, Mary Elizabeth Winsted, etc… En conclusion, Gemini Man n’est pas un chef d’oeuvre, mais il présente des caractéristiques techniques très intéressantes en ce qui concerne l’avenir du cinéma, notamment le rajeunissement numérique pour un personnage qui ouvre à de nombreuses perspectives de réalisation et de mise en scène. Je ne suis pas fan de l’histoire et de la 120 fps mais si on met cela de côté, on passe un agréable moment. Je n’ai pas boudé mon plaisir et je le reverrais volontiers un de ces quatre si j’en ai l’occasion, malgré ses défauts évidents. Cela fait aussi plaisir de voir Will Smith s’investir dans un rôle assez différent de ce qu’il a pu faire ces dernières années, et il me rappelle son rôle dans I, Robot sorti en 2004. Bref, un des bons films de cette année.