Denys Granier-Deferre revient sur ce qui l'a amené à adapter le roman de Blandine Le Callet sur grand écran : "Le film est né de la coïncidence entre une envie et une rencontre. L'envie, c'était pour moi de revenir au cinéma avec un sujet en rapport avec mon état d'esprit d'alors, c'est-à-dire avec quelque chose qui soit dans la droite lignée de Que les gros salaires lèvent le doigt !, mon premier film. Soit un groupe, très mal élevé, mais avec de la tendresse en plus. Pour la rencontre, c'est celle qui a eu lieu avec les producteurs Marc-Antoine Robert et Xavier Rigault (...) qui sont venus me proposer l'adaptation du roman de Blandine Le Callet."
Une vingtaine d'années sépare Blanc de Chine, le dernier film réalisé par Denys Granier-Deferre pour le cinéma, de Pièce montée : "Le verdict du public pour Blanc de Chine a été compliqué à vivre. C'était comme un rejet en tant qu'auteur et j'ai songé à une reconversion professionnelle. La télévision m'a alors tendu les bras. (...) En fait, le retour au cinéma n'est pas simple mais s'il y a désir et rêve communs entre un metteur en scène et des producteurs, cela facilite les choses." Quand un journaliste lui demande ce que ce film représente pour lui, le réalisateur répond : "Une deuxième jeunesse !"
Pièce montée est l'adaptation cinématographique du roman Une pièce montée de Blandine Le Callet.
Denys Granier-Deferre parle de l'importance du couple formé par Danielle Darrieux et Jean-Pierre Marielle : "Je ne pensais pas que ce serait à ce point-là. C'est arrivé pour deux raisons. D'abord de par la personnalité de ces deux acteurs. Ensuite parce que leurs personnages ont un humour fondé sur la nostalgie et le ratage et c'est bien plus fort à faire exister, c'est naturellement plus émouvant que l'humour jeune, un peu cruel, naïf et fougueux du couple de Clémence Poésy et Jérémie Renier. (...) On savait que cela allait être fort mais pas à ce point. (...) Et cela conforte une autre idée que j'aime, présente dans bien des civilisations : l'aîné, au sens ancien du terme, détient une certaine idée sur la vie, due à son expérience."
Denys Granier-Deferre évoque le mélange des différentes sortes d'humour (humour tendre, grinçant, burlesque et poétique) qui traverse son film : "J'ai pu travailler ces différentes sortes d'humour, en premier lieu grâce aux acteurs et ce, dès le choix du casting. Ce qui m'intéresse, c'est de jouer sur les contrastes dus au mélange entre des comédiens qu'on imagine pas une seconde dans le même film parce qu'issus de familles de cinéma distinctes. On n'associe pas spontanément Hélène Fillières à Charlotte De Turckheim, Dominique Lavanant à Aurore Clément... En allant ainsi aux extrêmes, (...) je souhaitais que naisse un mélange détonnant et comique, mais sans heurts." Mais l'humour tendre prédomine, "parce qu'il fait lien entre l'humour noir et le sentiment d'amour. J'aime par exemple que soient liées la connerie et la méchanceté du personnage joué par Christophe Alévêque (qui est également touchant parce qu'il ne comprend rien à ce qui lui arrive), et l'humanité au regard perdu du personnage interprété par Jean-Pierre Marielle, auquel personnellement je m'identifie."
Le réalisateur évoque ses choix en matière d'utilisation de la musique dans le film : "Comme pour la caractérisation des personnages, j'ai fonctionné sur les contrastes. C'est-à-dire que toutes les musiques sont gaies quand les personnages sont tristes et vice versa. J'aime que les choses se heutent et provoquent une distance, mais aussi des éléments de comédie. La musique originale du film véhicule une sensation de classicisme "bien élevé" mais son orchestration moderne, donc décalée par rapport au thème, apporte un zeste de "mal élevé". Ceci à l'image de l'institution du mariage, instant sacré donc propice à toutes les crises nerveuses et sentimentales."
Aurore Clément avait déjà tourné sous la direction de Denys Granier-Deferre dans la mini-série Chasseurs d'écume : Les Caribans.