Le réalisateur, Etienne Faure, a choisi un genre spécifique pour son film, celui du thriller : "Le point de départ, c’était la manipulation, la complexité du rapport humain dans la possession et la dépossession d’une personne. Le thriller psychologique correspond bien à la façon de traiter ce sujet. J’aimais l’idée de réunir plusieurs personnes dans un lieu relativement isolé, confiné, un peu comme un laboratoire des relations humaines", explique-t-il.
Le metteur en scène s'exprime sur les enjeux qui, selon lui, portent ce thriller psychologique qui joue sur les apparences : "Ce qui m’intéresse c’est la complexité de la nature humaine et notamment les thématiques que sont les secrets du passé, la dualité de notre personnalité et notamment l’ambiguïté sexuelle. Et aussi, bien sûr, le fait d’être étranger quelque part."
Le cinéaste a choisi de tourner son film avec une caméra numérique, moins encombrante, plus adaptée à ses décisions de mise en scène : "J’avais surtout envie d’une équipe relativement légère pour nous permettre d’être très proches des comédiens. Les plans sont de plus en plus serrés sur les acteurs au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire. Une camera légère permet ce genre de mise en scène", précise-t-il.
Pour Désordres, Etienne Faure a décidé de filmer en Dordogne. La région incarnait à ses yeux la nature à laquelle aspire le couple de protagonistes, "un paysage verdoyant et vallonné avec une architecture de maisons faites de vieilles pierres, très enracinées et rocailleuses". Plus encore, la maison elle-même, où se déroule l'action, est à l'image du propos du film : "Elle est adossée à une falaise, imbriquée dans de la roche. Elle symbolise un enracinement total à l’endroit où elle se trouve. Le film traitant des racines au sens large, il fallait que cette maison soit à l’image des personnages qui défendent leur passé, leurs origines", ajoute le réalisateur.
Désordres ne comporte que des musiques originales, mais qui se caractérisent par l'éclectisme des compositions, que l'on doit à trois entités différentes : "Il y a trois compositeurs parce que je voulais trois ambiances musicales différentes. Une ambiance classique (Laurent Pérez) qui correspond plus au personnage de Sonia qui est une pianiste de renommée internationale, une ambiance plus hip hop et un peu rap (Mister Modo et Ugly Mac Beer) qui est plutôt celle qu’écoute les jeunes protagonistes du film, et enfin une ambiance plus électro (Aube L) qui apporte la couleur, la sensibilité et l’atmosphère du film", explique le metteur en scène Etienne Faure.
Etienne Faure est à la fois scénariste, producteur et réalisateur de Désordres. Membre de l'ARP (la société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs), il fait du cinéma depuis le début des années 1990, et Désordres est son troisième long métrage de fiction, après In Extremis (2000) et Des illusions (2009).
Niels Schneider, qui interprète le personnage de Thibaut, l'élève intrusif, est un talent à suivre. En effet, le jeune franco-canadien a été révélé par le film de Xavier Dolan, Les Amours Imaginaires, qui lui a valu de recevoir, en 2011, le Trophée Chopard de la révélation internationale au Festival de Cannes. Ce prix lui a été remis par le Président du jury, Robert De Niro en personne !
Afin d'accentuer le contraste entre le couple moderne qui décide de s'isoler de la ville et la région dans laquelle ils se retrouvent immergés, le cinéaste s'est tourné vers deux acteurs de couleur, Isaach de Bankolé et Sonia Rolland : "Ce qui m’intéressait, c’était de montrer un couple étranger à la région. Mais j’aimais l’idée d’emmener le spectateur sur des fausses pistes, alors je me suis dit que c’était encore plus intéressant que les acteurs soient de couleur d’autant que ce n’est pas le propos du film", indique Etienne Faure.
Désordres a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux, parmi lesquels on peut citer le Festival International du Film de Busan, en Corée, le Black Nights Film Festival de Tallinn, en Estonie, ainsi que le Festival du Cinéma du Monde de Montréal. Il a également été projeté dans des festivals français comme celui de Sarlat, en 2012.