Essayiste et critique de cinéma, Carles Balagué a écrit plusieurs livres, notamment sur François Truffaut et Martin Scorsese. Depuis 13 ans, il a en charge la programmation du cinéma Méliès à Barcelone, spécialisé dans le répertoire classique et dans la diffusion du cinéma européen. Producteur, scénariste et metteur en scène, Carles Balagué a dirigé 4 courts métrages et onze longs métrages, tous inédits en France. Arropiero, le vagabond de la mort, qui a obtenu le Premier Prix du Festival International de Cinéma Noir de Manresa et a été sélectionné dans divers festival (Valladolid, Toulouse, Andorre...) est son premier film à être distribué en France.
Alors qu'il fut interné dans un asile psychiatrique pénitencier, le tueur fut examiné par des experts psychiatriques de nombreux pays. Ils déclarèrent qu’il s’agissait d’un psychopathe très dangereux en raison de la présence dans son caryotype du chromosome XYY, nommé "chromosome Lombroso" ou chromosome de la criminalité. Les spécialistes qui ont étudié son cas tombèrent d’accord sur le fait qu’il ne pouvait pas être mis en liberté étant donné sa dangerosité. A cause de son altération génétique il semble qu’il n’avait ni conscience, ni culpabilité, ni remords. Il croyait qu’il était normal de tuer. Pendant deux décennies d’internement il subit des traitements préconisés par divers experts. Il ne fut jamais violent avec d’autres malades.
Carles Balagué évoque ses souvenirs lorsqu'il a entendu parler pour la première fois de ce tueur en série; le premier du genre dans une Espagne encore sous la coupe de la dictature franquiste. "Je me souviens du choc que j’avais ressenti lorsque je terminais mes études de droit en lisant pour la première fois des informations sur la détention de Manuel Delgado à Puerto de Santa Maria le 18 janvier 1971. Plus tard, j’en ai appris d’avantage sur lui et ses 48 crimes. Ce n’était pas un assassin de pacotille et il n’évoquait pas un délinquant classique. Il ne ressemblait pas non plus au cliché du prisonnier enchaîné. Nous sommes face à quelqu’un qui tuait de façon aléatoire. Parmi ses victimes, nous trouvons des bourgeois avec une double vie, une hippie en pleine révolution culturelle, des homosexuels, une jeune fille avec laquelle il entretenait une liaison. Il a voyagé en Italie et en France, est passé par la légion étrangère et a travaillé comme tueur pour la mafia marseillaise. Il vendait son sang. Il s’est prostitué. Sa vie a été si tumultueuse qu’elle échappe aux limites de la société espagnole des années 70. Arropiero est le premier serial killer que l’on ait connu en Espagne. Il a commis de 45 à 48 crimes en Espagne, en France et en Italie. La justice n’a jamais pu prouver que 7 crimes. Il n’a quitté la prison que pour être enfermé dans un asile psychiatrique. Je voulais faire un film le plus fidèle possible à la réalité des faits".
Il a fallu un an et demi à Carles Balagué pour préparer son film. Il a été conçu en plusieurs fois plusieurs fois afin de mieux cerner son parcours : son voyage de Puerto de Santa Maria, Cádiz, jusqu’à Barcelone en passant par Ibiza et beaucoup d’autres endroits. Le récit se partage en trois parties. La première montre la personnalité mégalomane de "El Arropiero" qui inspirera d’autres tueurs en série. La seconde partie se focalise sur le périple à travers l’Espagne du tueur avec les deux policiers qui l’ont arrêté. La troisième partie reflète la société espagnole dominée par cette histoire si macabre que la population ne savait pas comment l’affronter.