" Il est difficile de trouver une place sur les écrans (qu'il s'agisse de cinéma ou de télévision) pour que l'Afrique puisse se montrer telle qu'elle est, autrement que vue de Nord. Ce que j'ai tout de suite compris en rencontrant Osvalde Lewat, c'est qu'elle aurait un point de vue ni du Nord ni du Sud, mais universel, au sens du mot ‘la délaration universelle des droits de l'homme'. Elle s'est donnée les moyens, et nous avons modestement contribué à l'aider, de réussir un film qui montre que l'homme noir est bien dans l'Histoire. "
Alors que l'insécurité grandissait dans les rues du Cameroun (braquages, agressions), le chef de l'état à mis en place en février 2000 une unité spéciale de répression : le Commandement Opérationnel. Mais rapidement, ce dernier se laisse aller aux abus de pouvoir, les accusés sont exécutés sans jugements, et de plus en plus de cadavres sont retrouvés dans les rues, et notamment à Douala, ville dans laquelle la terreur régne.
Lorsque le Commandement Opérationnel a été mis en place en 2000, la réalisatrice Osvalde Lewat qui était sur place, comme la majorité des camerounais, n'avait pas pris conscience de la gravité de la situation. C'est lorsqu'elle rencontra Richard Nzamyo trois ans plus tard, et que celui-ci lui raconta le tragique meurtre de son fils sous ses yeux, qu'elle décida de faire un documentaire sur cette période afin que cette histoire soit connue aux yeux de tous.
Osvalde Lewat et son équipe ont tourné sans demandé d'autorisation de tournage. Ce qui leur a permis de ne pas être inquiétés par les autorités qui n'étaient pas au courant. Mais comme l'affirme la réalisatrice, " les rares personnes, qui étaient au courant, ont tenté de me décourager, y compris certains membres de ma famille. Pour les rassurer, je leur ai dit que j'abandonnais le projet ". Avec ce film, les membres de l'équipe se sont engagés autant professionnellement que personellement.
Osvalde Lewat a eu du mal à convaincre les familles des victimes à témoigner. Il lui a fallu environ trois ans pour réunir assez de témoins prêts à parler. En effet, pour eux la douleur est omniprésente, et depuis la fin du Commandement Opérationnel, plusieurs membres des familles des victimes souhaitent oublier ce tragique épisode. Et même si l'idée de d'ouvrir une plaie fermée leurs faisaient peur, la cinéaste a réussi à les convaincre qu'il ne fallait pas oublier et faire connaître cette histoire afin qu'elle ne se répète pas.