C'est à partir du thème de son moyen-métrage Bonbon au poivre (2005), que Marc Fitoussi a pensé son scénario. Ainsi là où le précédent suivait le parcours "d'une femme contrainte à suivre un stage de reconversion professionnelle afin de devenir VRP et qui ne supporte pas les techniques de vente agressives qu’on lui demande de reproduire avec ses futurs clients", Copacabana expose un personnage, Babou, qui "à la faveur d’une expérience qui devrait faire d’elle une femme comme les autres, se révèle incurablement rétive à la ligne droite et définitivement passionnée par les chemins de traverse." Ce goût pour les itinéraires en dehors de la norme est né lors du précédent tournage et il voulait "aller plus loin dans cette veine-là : faire de la critique sociale sur un mode comique, à travers le portrait d’une femme habituée à la marge et soudain confrontée à un univers dit «normal» qui lui est complètement étranger."
Si le film se compose autour d'un seul personnage, l'aboutissement et la réussite du projet dépendent entièrement de la capacité de l'actrice principale à revêtir avec justesse un défi si exigeant. Le réalisateur confesse que, dès l'écriture du scénario, il n'a toujours envisagé que la seule Isabelle Huppert pour incarner cette femme "inconséquente et «foutraque»", comme il la définit. Un pari osé à la vue de ses derniers rôles d'"héroïnes dangereuses et glacées". Mais fort de "la certitude qu’elle est de ces rares actrices qui savent tout jouer, non seulement parce qu’elles ont le goût du risque, mais aussi parce qu’elles ont les moyens de relever brillamment tous les défis", le réalisateur a surmonté son intimidation et, à la lecture du scénario, la comédienne s'est révélée conquise et réjouie, notamment à l'idée de partager l'écran avec sa fille. Lolita Chammah a été d'ailleurs également une priorité évidente pour le réalisateur, qui, depuis La Vie d'artiste, est convaincu de son choix pour le personnage d'Esmeralda et de "l'impulsivité très adolescente qui la caractérise encore, ainsi que la densité dramatique, qui chez elle, n’est jamais ostentatoire".
Ce n'est pas la première fois que Lolita Chammah tourne aux côtés de sa mère, Isabelle Huppert. La jeune fille avait en effet joué un petit rôle dans Une Affaire de femmes de Claude Chabrol, alors qu'elle n'avait que quatre ans.
Si le réalisateur s'est fait le chantre de sujets sensibles et profondément ancrés dans le réel et d'une sociologie du drame qui peut désemparer, il n'en propose pas moins une version perpétuellement teintée de l'optimisme inhérent à la comédie. A la question de savoir s'il pense que ces deux facettes ont vocation à exister en commun, il répond :"J’aime qu’un film prodigue à ses spectateurs de l’enthousiasme et de la vitalité. C’est un choix que l’on pourra toujours me contester, mais je l’assume, car je suis convaincu qu’il faut une forme de courage pour se maintenir dans la joie. Je redoute plus que tout l’écueil du misérabilisme. (...) Et puis, j’ai toujours eu ce goût pour la galère et pour la loose. Sans doute parce qu’elles apportent une dimension aventureuse au quotidien même le plus ordinaire…(...) Alors, oui, la comédie me semble définitivement le genre où transcender la gravité."
Contrairement à sa précédente réalisation, La Vie d'artiste qui suivait le destin de trois personnages, Marc Fitoussi a choisi de centrer son récit sur l'histoire d'une seule principale figure, Babou, interprétée par Isabelle Huppert. S'il revient vers un développement plus "classique" de la narration, c'est qu'il souhaitait un plus grand champ d'approfondissement de son personnage, au contraire du film-chorale qui impose de montrer "seuls les moments forts dans le parcours des protagonistes", comme il l'explique lui-même. Il ajoute, à propos de l'omniprésence de Babou : "Cela m’a laissé toute latitude pour la mettre en scène, non seulement dans ses mésaventures rocambolesques, mais également dans ces moments de pas grand-chose qui illustrent le désoeuvrement mélancolique auquel elle s’abandonne parfois."
Le personnage de Babou est d'une force qui ne peut laisser indifférent. Le réalisateur affirme pourtant n'avoir pas cherché à "l’ériger en modèle" mais plutôt à en faire l'image d'un être "en résistance (...) contre les impératifs d’efficacité sociale érigés en loi". A ce titre, et malgré sa facette"irresponsable", elle n’en est pas moins un exemple de liberté." Le magnétisme qui se dégage de sa personnalité, s'il fascine les autres protagonistes, peut questionner le spectateur, ce à quoi Marc Fitoussi ajoute : "Je ne me sens pas une vocation particulière à délivrer un prétendu message à travers mes films. J’espère en premier lieu épouser, du mieux que je le peux, et sans manichéisme, la complexité du réel. Et proposer un regard qui m’est personnel. En l’occurrence, je me sens une profonde empathie pour ces personnages qui se sont laissés engluer dans un système répressif. Je suppose que tous n’ont pas eu les moyens, comme Babou, de développer une distance critique vis-à-vis de la société", déclare-t-il.