Enormément d'humour mais aussi pas mal de violence morale dans cette petite perle helvète. De prime abord, le cinéaste apporte un regard profondément lucide et critique sur le métier de journaliste. Par la suite, il change de thématique pour finalement nous dresser le portrait d'un arriviste particulièrement cynique. Si le film commence par nous présenter le prototype même du bouseux un tantinet rustre et fort peu cultivé ( en ce sens, la référence explicite à Last Days demeure significative. En effet, le Blake de Gus Van Sant ne serait-il pas l'antithèse de notre protagoniste : une créature fébrile aspirant au calme de la campagne ? ), il bifurque insinueusement vers une toute autre direction : celle d'une vie faite de faux-semblants, essentiellement culturelle et foncièrement snob. Certains ont eu raison de faire remarquer que le film copie sans vergogne sur le Bel-Ami de Maupassant. Mais à mon sens, Un Autre Homme actualise avec panache l'univers du romancier. Quant à la forme, on pense effectivement à la Nouvelle Vague ( notamment Rohmer ) : la photographie est digne des plus talentueux. Un petit bijou.
S’il est un sujet que je ne voyais comment il serait abordé au cinéma c’est bien celui auquel on s'attaque dans cette surprenante comédie suisse, celui des critiques de films. L'histoire magnifiquement filmée de cet imposteur et de sa relation ambiguë avec une journaliste reconnue a pour principal atout, outre sa splendide photographie, ses dialogues bien écrits mettant en avant tant l’humour de l’histoire que la violence de la critique faite au métier de journaliste.
Histoire d'initiation dans le milieu des critiques de cinéma dans un pays que l'on a peu l'occasion de voir filmé : la Suisse. De très bons dialogues, une superbe photo, une mise en scène distinguée et des acteurs attachants en font un film et qui nous donne l'impression de faire un voyage dans le temps, le temps de la Nouvelle Vague.
Lionel Baier, incohérent, crache dans la soupe tout en continuant à nous servir la tambouille qu'il dénonce. Noir et blanc plat et sans intérêt, personnages qui discourent faussement, etc. Reste la courte séquence des danseurs pendant laquelle les mots buissonnant en "vieux français" du Roman de Renart, la musique de Stravinski et les corps mouvants nous amènent autre part. Comédiens, tous très charmants, c'est sûr, on se rince l'oeil, qui parviennent enfin à l'expression dans les scènes de désirs.
Lionel Baier se moque joliment des cinéastes et des critiques français dans Un autre homme. Et ce, tout en réalisant un film d'auteur nombriliste et vaguement provocateur qui tombe pile dans la catégorie des oeuvres qu'il semble lui-même pourfendre. Inconscience ? Plutôt auto-dérision, de la part de ce metteur en scène suisse qui poursuit dans la voie de Comme des voleurs, ici dans un noir et blanc de toute beauté. C'est un cinéma sans péripéties, ou presque, (faussement) hésitant et nonchalant qui rappelle quelque peu ses aînés helvètes tels Tanner ou Soutter. Singuliers et atypiques, ses films ont un côté "poseur" qui en agacera plus d'un, mais sa démarche, plutôt déroutante dans le fond et la forme, a le mérite d'être sinon passionnante du moins digne d'intérêt et guère formatée.
On dirait que le cinéma suisse a besoin de son Ozon à lui... pourquoi pas ? dans le genre "film prétentieux" on peut pas faire mieux... de la même manière qu'Ozon revendique l'influence de Douglas Sirk (ou Fassbinder !!!), notre petit suisse cite truffaut à tout bout de champ ! bof.
Voilà un bel OVNI cinématographique avec de la sensualité/sexualité, de l'humour et de l'intelligence. Un film pour cinéphile peut-être mais les références citées ( Chabrol notamment )sont tout de même connues d'un très grand nombre. La surprise du mois bien plus intéressante que le dernier Almodovar !
Un Autre Homme est la version moderne copiée-collée de Bel-Ami en quasi linéarité avec le roman de Maupassant. Mensonges, abus de l'écriture de l'autre, séduction, boudoir transformé en chambre d'hôtel, presse, chantage, vices, ascension, Paris... Les scènes crues sont là pour nous rappeler que Baier veut faire du cinéma d'auteur. Sans aucune raison de plus. Le réalisateur s'est probablement laissé distraire par l'envie de montrer du sexe pour montrer du sexe. Alors qu'il expliquait ne pas vouloir montrer pour peu montrer avec "Garçon Stupide", nous voilà ici exactement dans ce que l'auteur dénonçait quelques temps auparavant. Scènes de sexe mièvres, pauvres et non esthétiques, inintéressantes au possible. Aucune réelle motivation, aucune légitimation recherchée pour nous exposer tout "ça". Baier nous ressert son image de "la Ville dans la Ville" en juxtaposant Lausanne avec Lausanne pour créer une nouvelle dimension avec les lieux mis à la suite les uns des autres et nous traînant à nouveau dans ce métro inconnu mais donnant cette dimension à Lausanne de grande petite-ville. Mêmes visions et impressions déjà vues dans "Garçon Stupide" et "Comme des Voleur". Compétent dans son écriture toujours aussi fine, Baier tient à n'en plus douter une bonne dose d'humour et sait parfaitement la transformer dans la bouche de ses acteurs. Natacha Koutchoumov est superbe comme à l'accoutumée. Sorte de James Dean du Jura vaudois, Robin Harsch témoigne d'une sympathique plastique qui ne fait oublier aucunement ses talents d'acteur prometteur et convaincant dans son jeu et son interprétation. Film traitant du plagiat intradiégétique mais se basant linéairement exactement, ou presque, sur "Bel-Ami" de Maupassant, le plagiat serait donc quelque part entre la narration et le réel. Pourquoi dès lors ne pas le dire haut et fort pour que le "plagiat" puisse clairement se placer uniquement au niveau de l'histoire et non pas au niveau de l'idée de l'histoire?