Je sais ce que vous vous dites peut-être en voyant ma note de « zéro étoile ». Vous vous dites que je suis un gars qui n’a pas su rentrer dans le trip. Vous vous dites que je ne suis clairement pas le genre de spectateurs à qui s’adresse le film et que j’y suis juste allé pour le plaisir de le tailler… Eh bah pas du tout : détrompez-vous ! Moi, à la base, je n’avais pas trop mal aimé le premier « xXx ». Son envie de faire une sorte de James Bond mais en mode « actionner » déjanté et cool, moi j’avais bien aimé l’idée. Pour moi, il n’était pas vraiment parvenu à réussir son pari, ne maitrisant pas suffisamment les codes du film d’espionnage pour savoir en jouer, mais il avait su malgré tout se faire un film divertissement et globalement efficace. Du coup, quand j’ai vu que débarquait une suite quinze ans après, je me suis dis qu’on n’aurait peut-être pas là ce genre de suite fait à la va-vite afin de profiter au mieux de l’élan du premier comme avait pu l'être « xXx 2 ». En plus, la bande-annonce de ce « Reactivated » m’avait rendu curieux : entre un mec qui fait du ski en pleine forêt tropicale et des motos qui se transforment en jet skis, pour moi, ça avait l’air d’être prêt à partir dans un bon gros délire qui ne se prend pas au sérieux. Et quand s'ajoute à cela un casting assez riche (Donnie Yen, Toni Collette, Rory "Sandor Clegane" McCann et Tony Jaa), je me suis dis qu'avec ce retour au source, ce « xXx 3 » était peut-être en train de remettre les petits plats dans les grands, et cela pour - peut-être - mon plus grand plaisir. Bref, j’allais voir ce film dans les meilleures des dispositions. Et tout ça pour constater quoi au final ? …Pour constater qu’il n’y a que deux seules idées cools sur tout le film : le ski dans la forêt et la moto qui se transforme en jet ski… Soudainement, dit comme ça, le projet parait davantage risible. Et ne nous y trompons pas, quand je parle de rire, je parle clairement de rire jaune ! Je n’en reviens pas d’ailleurs qu’on puisse à ce point manquer d’idées ! Pire, je n’en reviens pas qu’on puisse à ce point manquer de jugeote ! Parce qu’autant je peux entendre ce discours qui consiste à dire que ce film c’est juste un délire pour le fun, autant moi je trouve qu’en termes de délire, ces gars là sont quand même bien limités. Déjà je m’étonne et me désole du temps qu’occupent les passages d’inertie dans ce « xXx ». Pour un film qui semblait vouloir se vendre comme un actionner pur et dur, il y a quand même de quoi s’étonner de tous ces moments où tout le monde est figé, à devoir déblatérer ses lignes de texte, sans aucune dynamique aucune. Alors OK, on passe de Saint-Domingue, à Londres, aux Philippines en cinq minutes montre en main, mais c’est à chaque fois pour observer des scènes figées où les gens parlent et parlent encore, sans que rien ne se passe ni à l’écran, ni dans l’intrigue. En gros, ça se limite à chaque fois à du Vin Diesel qui roule des mécaniques, qui tchatche en mode : « Moi je sais faire ceci. Moi je suis trop un mec cool. Moi je soulève des meufs et je kiffe ça… » et qui voit chacune de ses palabres entrecoupée d’interventions débiles menées par tout un troupeau de jolies et jeunes minettes – à moitié déshabillées pour la plupart d’entre elles – et qui rivalisent toutes pour le concours de celle qui sera le moins crédible dans sa posture. Entre la Miss « Je suis un top modèle de 20 ans mais je suis le plus grand génie de l’informatique qui existe sur cette planète » et la Miss « j’ai un poste stratégique dans des opérations top priorité mais je passe mon temps à dire des bêtises trop kikoo-lol parce que je suis trop drôle comme fille », on a là toute une flopée d’actrices et de rôles plus indigents les uns que les autres. Et c’est finalement là que ce trouve pour moi tout le problème de ce « xXx » : au fond tout se résume à la posture de Vin Diesel. Comme Vin Diesel, le film ne fait que passer son temps à dire qu’il sait faire des choses et qu’il est cool, alors que dans les faits, Vin n’en glande pas une, ne participe à aucune scène d’action, et peine même à faire les raccords avec ses doublures tant on sent qu’en quinze ans, il a désormais beaucoup trop de mal à bouger de manière fluide sa grosse graisse. Pour moi, ce film, c’est pareil. Il prétend être cool, mais dans les faits il est juste lourd et gras. On ne cesse de s’étendre sur une intrigue ridicule, et ce n’est même pas pour forcément amorcer une scène d’action ! La moitié du temps, l’intrigue ne sert qu’à afficher des décors de rêve, des filles à moitié à poil qui se dandinent, et des personnages aux postures en carton qui se la pètent… Ces scènes ne sont mêmes pas dynamiques ! Désolé, mais dans un vrai bon film d’action, l’action fait partie de l’intrigue. Ce n’est pas un élément dissocié qui apparaît soudainement pendant cinq minutes comme le ferait une page de pub au milieu d’un programme télé. Dans ce film, l’intrigue n’a pas d’action, et l’action n’a pas de finalité. C’est juste là pour faire des pirouettes, rien de plus. Le pire, c’est qu’à de nombreux moments, on sent que des moyens ont été engagés et qu’on a tenté d’en foutre plein la vue. Mais c’est tellement surchargé, surcuté, le tout noyé dans une musique techno de bas-étage, que ça ne sort jamais du registre de la (mauvaise) démonstration technique. Alors certes, comme je l’ai dit plus tôt, il y a bien deux scènes sympas –celle des skis et de celle de la moto-jetski – mais bon, elles durent deux minutes chacune et elles sont toutes les deux techniquement plus que discutables (si la première est cadrée avec les pieds à cause du fait qu’on ne peut jamais montrer le visage du cascadeur, la seconde quant à elle se noie dans des incrustations numériques hideuses.) Alors, c’est vrai, j’aurais pu mettre une étoile juste pour ces deux scènes là. Après tout, dans le « zéro étoile », il y a quand même un côté : « on se fout de nous, tout est à jeter. » Là, avec ces deux scènes, on pourrait me dire : « ça ce n’est pas à jeter au moins ». Certes… Mais non quand même ! Non, parce qu’il y a tout le reste. Non, parce ces quelques modestes points positifs (et j’insiste sur le « modestes ») sont vraiment beaucoup trop lestés par toutes les lourdeurs qu’il y a autour. C’est bien simple, on croirait un déferlement sans discontinuer de fantasmes d’ado beauf en pleine puberté. Des meufs, des muscles, des gars qui se la jouent à vide, et de la techno de gros naze. Autant dire que, dans un contexte pareil, le casting premier choix tombe à l'eau (dans la liste des personnes à plaindre, je pense que Tony Yaa décroche la timbale haut la main avec son rôle de neuneu mal coiffé qui fait des vieux gimmicks ridicules.) Moi j’ai envie de dire qu’on peut faire tout ce qu’on veut autour de ça, mais à partir du moment où on a décidé de le noyer dans ce genre d’éléments, ça ne peut que donner un résultat abject. Pour moi, c’est d’ailleurs ce qu’est ce « xXx Reactivated ». Une abjection. Un doigt d’honneur cinématographique. Un manque de respect évident à l’égard du public. Mais bon, venant de l’ami Vin, peut-on encore s’en surprendre ?