Bronson s'inspire de la vie du "prisonnier le plus célèbre d'Angleterre", qui est incarcéré depuis maintenant 37 ans et qui a enchaîné les prisons tout au long de sa vie, devenant toujours plus violent et imprévisible. Homme aux réactions incontrôlables, son désir de reconnaissance a fini par payer, puisqu'un film lui est dédié. Le thème me paraissait alors intéressant, puisqu'il permettait une approche diversifiée du monde carcéral, qui pouvait se permettre de mêler à la fois récit historique et humour propre aux situations impliquées.
Michael Peterson, interprété par le génial Tom Hardy, s'impose devant nous avec une présence inouïe, qui rend la découverte de ce personnage fascinante et brutale. Plus que d'interpréter un rôle, l'acteur semble avoir intégré un homme, auquel il rend le caractère et les comportements à la fois réalistes et puissants. Mais malheureusement, en tant que véritable phénomène de foire, il s'inscrit d'emblée dans le personnage de divertissement pur, avec lequel on n'entre jamais en profondeur. L'homme est peut-être tout aussi complexe et incompréhensible, mais quitte à adapter son histoire, autant chercher à comprendre ou du moins à équilibrer les différents passages, pour ne pas virer dans une démonstration purement bestiale.
Peut-être que cela est le but, justement, de ne rien expliquer, pour rester fidèle à la réalité et ne pas taper dans la psychologie facile. Là où j'y vois un défaut, certains y verront sûrement une qualité. Mais le manque de variété des séquences rend l'expérience uniforme dans son aspect "théâtral". Un homme, un personnage, une situation, qui se répète inlassablement au cours du long-métrage. Et c'est dommage, car les rares moments où Nicolas Winding Refn délaisse quelque peu l'évènementiel pour se concentrer sur l'homme, nous sommes beaucoup plus concernés. En fin de compte, Charlie ne cesse d'arborer un masque durant l'histoire, dont on n'entrevoit pas les dessous, ou très peu, et c'est ce qui en devient regrettable.
Au niveau de la réalisation et du rythme, il n'y a rien à reprocher, tout est organisé avec maîtrise pour faire vivre pleinement le personnage sous nos yeux, et rendre Bronson marquant, tant par ses décors primaires que par des répliques toujours aussi crus. En définitive, Nicolas parvient tout de même à apporter sa touche artistique, qui est moins évidente que dans ses autres films, mais qui se veut tout aussi remarquable. La mise en scène et l'ajout de musiques parfaitement dans le ton rendent quelques scènes formidables. Mais cela est bien mince pour tenir sur une heure et demi, et l'on se demande en fin de compte si un tel sujet méritait vraiment une durée si élargie. Le long-métrage ne se renouvelle que tardivement à travers une scène de clôture qui est dans l'esprit du film : Du spectacle, et rien d'autre.
L'idée du clown qui s'adresse à un public (métaphore bien trouvée pour s'adresser aux spectateurs) reflète d'ailleurs cette idée de mise en scène. L'homme est en cage, dans sa prison, et le personnage aussi, dans le film. Comme un animal enfermé dans un zoo, duquel on s'amuse, sans s'y intéresser réellement. Je n'adhère pas aux zoos, donc je n'adhère pas à Bronson, malgré des qualités certaines. Outre le fait de trouver de la redondance et du sensationnalisme excessif, je me suis ennuyé quelque fois, longueurs obligent. Un film bien particulier, qui divise évidemment, et dont chacun doit vivre l'expérience pour en émettre son propre avis, plus que jamais.