Je viens tout juste d'achever Seven, et bon dieu... quelle claque ! David Fincher nous fait entrer dans une réalité morne, sombre et enfouie sous la poussière de la misère et le bruit constant de la pluie. Dans cet univers noir qui transpire d'une réalisme tel qu'il en devient morbide, le réalisateur et les scénaristes nous dépeignent une société malade en deux pans. La maladie de John Doe, en premier lieu, cette psychose meurtrière dont il affirme qu'elle est dans le seul but de servir le divin. Mais surtout, en second lieu, la critique incroyable qui est faite à une société humaine concentrée en ses bas instincts et en ce qu'elle regroupe de pire. Cette critique, qui s'opère d'abord par la présentation des sept péchés capitaux et des sanctions infligées aux pécheurs par Doe, atteint son paroxysme au terme du récit.
En effet, lorsque Mills apprend le décès de sa femme, surgissent ses plus bas instincts et ne peut s'empêcher d'en faire payer le responsable, étant totalement envahi par la colère. Par cela, Seven livre sa critique la plus cinglante aux yeux des spectateurs dans un final sublime : tout le monde est un pêcheur, même l'autoproclamé ouvrier des forces divines, même le héros qui l'avait arrêté. Cette sensation est d'autant plus forte que si, durant tout le film, le spectateur est envahi par le dégoût des crimes commis, il en conserve un détachement, car il n'a aucune attache émotionnelle aux personnes. Au contraire, les victimes sont dépeintes comme des créatures dégoutantes ou malfaisantes qui méritèrent presque leur immonde sort. L'intrigue prend cependant une autre dimension pour le spectateur lorsqu'elle décide de s'en prendre au seul personnage du film auquel nous nous sommes liés émotionnellement : la femme de Mills, Tracy. Par sa grossesse, par sa détresse, elle apparait comme l'une des rares personnes humaines de ce monde atroce. En la tuant, le film veut montrer au spectateur que dans un tel monde, personne n'est à l'abri de rien : ni les pêcheurs, ni les innocents.
Au-delà de son intrigue qui nous prend en haleine pendant deux heures, sans relâche, et qui nous éblouit par un final grandiose. Seven est un grand film par les hommes et les femmes qui le portent. David Fincher d'abord, le maître du thriller, qui nous livre, dans son second film, un chef-d'œuvre qui sera la prémisse de The Game, Panic Room, mais surtout la grande critique sociétale de Fight Club. Les acteurs encore, dont le trio à l'affiche fait encore aujourd'hui les grandes heures des grands films : Pitt, Freeman et Spacey nous présentent des personnages tellement vrais qu'ils en sont effrayants, par leurs effrois, leurs folies ou leurs défauts. Ce, alors que le scénario d'Andrew Walker, et la musique parfaite de Howard Shore nous plongent dans un monde atrocement réel et profondément malsain pendant plus de deux heures. Oui, Seven est un grand film, un très grand film et même probablement l'un des plus grands thrillers et films noirs de l'histoire du cinéma. Un chef-d'œuvre de son genre, sans nul doute.