En parlant de sa cinquième comédie sentimentale, Nancy Meyers a déclaré avoir pensé qu’elle était attirée, à son insu, par le thème du divorce. Non pas par le côté amer d'une rupture, mais par les paradoxes de l'après-divorce, cette période où deux ex-époux découvrent qu'ils sont encore liés, à certains égards, pour la vie entière. L’idée n’est pas loufoque, quelques exemples bien réels traînant ici et là, faisant preuve de bien plus d’intelligence que les nombreux autres trop occupés à se déchirer dans une lutte fratricide. Loufoque ou pas, on s’en fout car le bien nommé "Pas si simple" est une comédie sentimentale amusante, et qui réussit en prime à démontrer que cette histoire est tout à fait plausible. Elle a certes été bien aidée par la prestation irréprochable de Meryl Streep, encore une fois parfaite. Il va de soi que cette actrice n’a plus rien à prouver en matière de sentiments humains après des interprétations inoubliables qu’elle a pu nous offrir dans "Out of Africa" ou "Sur la route de Madison". A la différence près qu’ici, l’histoire ne tend pas vers le côté dramatique, mais plutôt vers la comédie. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’en donne à cœur joie. Cela a l’avantage de montrer à quel point elle s’investit pour donner le plus de crédibilité possible à cette femme partagée entre la folie et la raison, ou si vous préférez entre l’amour de toujours et les nouveaux horizons. Mais surtout, on a le sentiment qu’elle ne vieillit pas, et ça en devient effarant car elle compte pourtant 60 printemps ! A croire que l’amour a le don de stopper les ravages du temps sur son visage, tant cette vertu illumine de tout son éclat ce faciès pétillant de charme, de délicatesse et de tendresse. Face à elle, Alec Baldwin, décidément très à l’aise dans cet exercice qu’est la comédie romantique puisque nous l’avions vu dans le même genre avec… la délicieuse Kim Basinger dans "La chanteuse et le milliardaire" (1991). Je trouve seulement dommage que son visage bouffi par les kilos en trop ait tendance à gommer son expression scénique, bien qu’il réussisse à nous régaler de quelques cabotinages, l’exemple le plus flagrant étant l’air de satisfaction béate qu’il a alors que sa compagne s’écrie dans une lamentation qui se résumera en trois mots répétés « oh mon Dieu ! ». Visiblement, lui aussi s’est beaucoup amusé tout en prenant son rôle très au sérieux, et il le fallait pour alterner la légèreté infantile avec la gravité de la détresse. Steve Martin, par son rôle d’architecte, vient arbitrer tout cela malgré lui, avec tout le sérieux que lui confère le métier de son personnage. A la limite, celui-ci se fait voler la vedette par John Krasinski, particulièrement succulent en gendre idéal, et ce serait même lui qui aurait fait le plus rire s’il n’y avait pas eu cette séquence du PC portable, point culminant en matière de drôlerie. Enfin voilà, "Pas si simple" fait traverser deux heures très agréables au spectateur, qui se surprendra non seulement à sourire de la complicité régnant entre les deux personnages principaux, mais aussi à l’approuver. C’est vrai quoi, tout ce joli petit monde nous parait bien sympathique, hormis la dénommée Agness (Lake Bell)… Mais effectivement… cette situation n’est pas si simple ! Tout simplement parce que par l’empathie qui se dégage, le spectateur parvient à se mettre à la place des personnages sans même qu’il s’en aperçoive et à ressentir les doutes, les espoirs, les joies et les peines des uns et des autres.