Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Marga" et de son tournage !

De festivals en festivals

Marga a été présenté dans de nombreux festivals à travers le monde. En 2009, il a ainsi été projeté au Festival International du film de Locarno en Italie, où il a fait la cérémonie d’ouverture sur la Piazza Grande, au Festival du film de Jérusalem et au Festival international du Film Juif de New York où il a été présenté en cérémonie d'ouverture. En 2010, Marga était en compétition officielle au Festival International du Film d'amour de Mons, au Festival Itinérances d'Ales et a remporté le Prix du Public au Festival de Pittsburgh, aux Etats-Unis et au Festival Panorama du cinéma européen de Meyzieu. Marga a également été présenté au Festival international du Film Indépendant de Washinfton DC, où il a été lauréat du Prix de l'Association "Signis" et enfin au Festival de Film de Singapour.

Du roman autobiographique au film

Le film est très proche du récit autobiographique de Marga Spiegel, néanmoins, certains événements ont été davantage mis en avant pour des raisons dramaturgiques. Malgré les soixante-dix ans qui se sont écoulés entre le film et les événements, l'écrivain se souvient parfaitement de cette période. Elle explique : "Il y a certaines expériences extrêmes et dramatiques qui restent à jamais indélébiles. C'est la vie elle-même qui conduit à cela." Elle ajoute que le film n'a pas réveillé en elle un sentiment de colère: " Je ne ressens ni haine ni colère, mais parfois le désespoir refait surface. Ce film est un acte de reconnaissance plus que mérité envers les personnes qui m’ont aidée. Et il va sans dire que le sentiment de gratitude que j’éprouve envers mes sauveurs l’emporte largement sur le chagrin qu’il m’arrive d’éprouver ces temps-ci." L'objectif de son film est que le public retienne la leçon et "qu’il contribue à une réconciliation intellectuelle." Elle ajoute: Après la guerre, c’est ce besoin qui m’a poussé à écrire mon livre. Car il était incroyable qu’une telle histoire ait pu exister."

La mémoire mais pas que...

Ludi Boeken reconnaît l'importance de la mémoire mais aussi celle de rétablir la vérité: "J'ai souhaité que Marga ne soit pas seulement une pierre ajoutée au monument de la mémoire et un exemple universel pour notre génération et celles à venir, mais aussi une illustration de ces mots, “ Qui sauve une vie, sauve le monde entier”, inscrits sur la médaille des Justes de Yad Vashem à Jérusalem que les paysans Aschoff, Pentrop, Silkenbömer, Sickmann et Südfeld ont reçu à la demande de la famille Spiegel. Ma seule grande surprise sur ce film a été la peur, souvent exprimée ouvertement, de voir finalement Marga se réaliser : beaucoup préfèrent croire encore que rien de tel n’était possible dans l’Allemagne nazie. Que l'acte de résistance était impossible et donc inutile. Et justifier ainsi que ceux qui n'ont rien fait ne sont coupables de rien. Seules quelques rares institutions et quelques individus courageux en Allemagne et en France, ont finalement soutenu ce film contre tous. Je les remercie, au nom de ces paysans."

Hommage aux héros de guerre

Le réalisateur Ludi Boeken a tenu à rendre hommage à des héros ordinaires plongés dans la tourmente de l'Allemagne nazie, qu'il a croisés durant son existence: "J’ai eu le privilège d’avoir connu personnellement certains des héros qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale : sauveurs français, belges, hollandais, serbes ou grecs ; hommes et femmes ordinaires qui ont risqué leur vie et mis en danger leur famille, leur rue, leur village, leur communauté en faisant juste ce qui leur paraissait évident, moral, logique. La grande différence entre les héros que j’ai pu rencontrer dans ma jeunesse, les sauveurs de ma famille, et les paysans de Westphalie qui sont au coeur de ce film c'est qu'eux étaient Allemands. Des Allemands dans une Allemagne nazie en pleine guerre, et non pas des habitants d’un pays occupé par un ennemi étranger. Ces familles allemandes traditionnelles croyaient ce qu’on leur racontait sur les ondes de la radio nationale, pleuraient leurs soldats tombés, adhéraient à une lutte nationale qu’ils trouvaient juste. Ces paysans-là ont eu le courage, sans discours politique, sans idéologie ni soutien de personne, de dire "Non". Simplement "Non". Il ne s’agit évidemment pas – loin de là – de laver la culpabilité d’une grande partie de la nation allemande en suggérant que le bien fait par quelques uns pourraient à jamais excuser le mal absolu que tant d’autres ont, de manière silencieuse, laissé se produire souvent sous leurs yeux, mais de montrer que nul n’était forcé d’obéir à la lâcheté et à la folie", explique-t-il.

Adaptation

Marga s'inspire des mémoires de Marga Spiegel publié en 1965 et intitulé Retter in der Nacht (littéralement: Sauveurs dans la nuit). Elle y raconte comment des fermiers du sud du Münsterland l'ont cachée elle, son mari Siegmund (nommé Menne) et leur fille Karin, de 1943 à 1945, les sauvant ainsi d’une déportation inéluctable vers les camps d'extermination. A Yad Vashem, les noms des fermiers Heinrich Aschoff, Hubert Pentrop, Bernhard Südfeld, Heinrich Silkenböhmer et Bernhard Sickmann ont été immortalisés. Le film Marga est un hommage à la mémoire de ces héros silencieux.

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