"Dans Mission, les autochtones colombiens Waunana qui ont joué dans le film le rôle des Guarani, étaient toujours à l'arrière plan, derrière les personnages principaux joués par Robert De Niro et Jeremy Irons. Dans mon film, je voulais inverser ce cliché en donnant aux indiens les rôles principaux et en gardant les acteurs professionnels à l'arrière plan.", explique Marco Bechis, particulièrement attaché à cette répartition.
Pendant les improvisations du casting, Marco Bechis a remarqué qu'il manquait quelque chose dans leur jeu : ils étaient sans cesse en train de parler devant la caméra, sans interruption. Il n'y avait aucune place pour le silence. Le réalisateur compris alors qu'ils n'avaient pas de culture cinématographique et il décida de les initier à cet Art. Il organisa une projection de Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock et une séquence de Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone. "La rapidité de leur temps d'apprentissage a été incroyable. Ils sont devenus des acteurs en cinq mois.", déclare le réalisateur.
Une question restait encore à règler pour le réalisateur : quels acteurs professionnels pourraient interpréter à la perfection ses indiens ? "J'ai trouvé la réponse à ma question un après midi, après une réunion entre les autorités gouvernementales et les indiens. Ces hommes et ces femmes que j'observais, plaidaient leur cause aux autorités Brésiliennes, ils étaient dotés d'un art sophistiqué de la rhétorique, ils savaient parler de manière convaincante, avec un grand contrôle de leurs paroles et de leurs gestes. Ils étaient des acteurs. Dès lors j'ai su que je pourrai faire ce film uniquement si je réussissais à faire des autochtones les protagonistes du film. Sans eux le film n'aurait pas de sens."
Marco Bechis s'est rendu à Londres et à Milan pour avoir accès à des informations rares sur les tribus survivant encore en Amérique Latine. C'est ainsi qu'il pris connaissance du phénomène des suicides dans la tribu Guarani-Kaiowa, et de leur lutte pour récupérer leurs terres. C'est à ce moment précis, qu'il su qu'il devait absolument parler de cette tribu, et donc changer son scénario sur Hélène Valero.
Connu pour être un réalisateur engagé, Marco Bechis montre sa position sur le problème en Amazonie et prend le parti de dénoncer la déforestation. Victime de la dictature en Argentine, la majorité de ses films s'attardent sur les conséquences d'un régime totalitaire sur les familles (Garage Olimpo et Figli-hijos). De plus, suite à la sortie du film, l'organisation partenaire, Survival International et le réalisateur, ont mis en place un fonds spécial au profit des Guarani-Kaiowá. L'ensemble des fonds collectés permettra à la communauté de défendre ses droits, de se réapproprier ses terres ancestrales pour pouvoir les cultiver.
La Terre des hommes rouges est dédié à l'ami et mentor du réalisateur Marco Bechis, Enrique Ahriman, décédé à Buenos Aires en 2002. Les deux hommes parlaient souvent ensemble, et s'intéressaient notamment à ce qu'ils considéraient comme le plus grand génocide de l'humanité : la conquête de l'Amérique. C'est Enrique qui conseilla à son ami la lecture des interviews d' Hélène Valero, une femme kidnappée et détenue pendant trente ans dans la jungle. Après la lecture de ses écrits, Marco Bechis a su qu'il devait faire un film sur le sujet.