Après avoir réalisé trois courts métrages, Marina Déak signe avec Poursuite son premier long.
Même si Poursuite est avant tout un film de fiction, l'objectif premier de la réalisatrice Marina Déak a été de se rapprocher le plus possible de la réalité. Elle a ainsi mis en place divers procédés qui cassent cette dynamique de fiction et rapprochent son scénario du réel, bouleversant ainsi la maigre frontière entre fable et réalité. "Je cherche l’expression d’une forme de vérité liée au réel, et pour ça j’utilise la fiction. Mais alors j’ai besoin de lui donner de fréquents coups de pieds parce que sinon je n’y crois plus. (...) Autant j’aime qu’une fiction parle du réel, autant j’aime montrer que ce supposé réel est aussi lui-même fictionné", explique-t-elle.
Le jeune Paul Cahen, qui incarne à l'écran son fils Mathieu, est également le fils de Marina Déak à la ville.
Réalisatrice et scénariste du film, Marina Déak est également passée devant la caméra pour interpréter le rôle principal de Poursuite. Une décision que la cinéaste n'a pas prise immédiatement: "La question de jouer moi-même Audrey est venue après le choix de mon fils pour le rôle du petit. C’est sur le tard que j’ai décidé d’y aller. Disons que j’ai mis un temps certain à me rendre compte que ça fondait le film, et à me donner le courage d’y aller", explique la réalisatrice.
Brisant les codes et les conventions, la réalisatrice Marina Déak à décidé de s'illustrer dans Poursuite telle qu'elle est en réalité : cinéaste, mais également maman. "Cet aspect est le point de départ du film et son point d’arrivée. C’est le côté : je veux tout. Je n’ai pas de raison de renoncer à une part de moi, même si c’est compliqué de tout garder, peut-être impossible. Je ne sépare pas, je suis entièrement dans tout", explique la réalisatrice, qui considère d'ailleurs ce côté authentique comme participant à l'originalité du film : "Bêtement quand j’ai eu l’idée de ce film, j’avais l’impression de tenir un scoop. Je ne connais pas de film fait par une femme qui parle vraiment de ce que c’est d’avoir des enfants, de comment on se débrouille avec ça."
Avec Poursuite, et à travers le personnage d'Audrey, Marina Déak revient de façon originale sur une thématique qui s'inscrit dans l'air du temps, et qu'elle expérimente elle-même quotidiennement : la situation des femmes dans la société contemporaine. "Je voulais parler de la complication pour une femme de circuler entre les enfants, le désir et le travail, aujourd’hui, en France et dans le monde occidental en général. Je voulais aller plus loin que les nombreux témoignages qu’on a de ce genre de situations", explique-t-elle.
Outre l'aspect psychologique des personnages, et toujours dans un souci de se rapprocher de la réalité, la réalisatrice Marina Déak a également souhaité aborder son film sous un angle social: "Souvent les films sont un peu hors-sol, mais là je voulais être dans le sol, et dans le sol il y a l’argent et d’autres considérations matérielles, et aussi la matière psychique", raconte-t-elle.
Tout en étant féministe dans sa façon de dépeindre la situation vécue par son héroïne, la réalisatrice Marina Déak a également souhaité laisser une place aux hommes dans son discours, à travers le personnage d'Eric. "Si le féminisme ce n’est qu’une question de femmes pour un monde entre femmes, c’est sans moi, merci", déclare-t-elle.
Avec Poursuite et à travers tous les thèmes qu'elle y aborde, Marina Déak se confronte à un défi de taille : celui d'appréhender la réalité avec tout ce qu'elle comporte d'imprévisible et d'insaisissable. Cette recherche constante de la réalité est pour la cinéaste le cœur même du film : "(...) le réel c’est compliqué, il ne suffit pas de poser sa caméra. C’est comme la vie : s’il suffisait d’être en vie pour savoir ce qui s’y passe, et s’y sentir complètement, là, présent, ça se saurait je pense. On ne ferait sans doute pas de films non plus. Donc la raison pour laquelle je fais des films est dans le film, j’espère."