Evil Ed est un film visiblement peu connu, et je dois dire que c’est assez dommage, car même si ce n’est pas un chef d’œuvre, avec un tout petit budget il livre un spectacle imaginatif et distrayant, qui cherche évidemment une filiation avec la saga de Sam Raimi.
Les interprètes sont plutôt enthousiasmants. Je ne dis pas qu’ils jouent très bien (quoique l’acteur principal, croisement improbable de M. Bean et Andy Serkis s’en sort vraiment avec aisance), mais ils ont le mérite de s’investir pleinement. Dans ce genre de métrages à budget ric-rac, c’est toujours sympathique de voir des acteurs qui, sachant pertinemment qu’ils ne remporteront pas l’oscar, donne tout ce qu’ils ont pour rendre le spectacle fun. Il est vrai aussi que les acteurs ont tous été bien choisis pour leurs rôles, jusque dans les seconds couteaux avec par exemple, un Gert Fylking comme chef de la police qui se débrouille très bien.
Le scénario est à la fois la bonne et la mauvaise surprise du film. Le réalisateur est imaginatif, il marche avec honneur dans les pas de Sam Raimi, et il faut reconnaitre que l’idée de départ est assez plaisante. Après malheureusement, le découpage du film est saccadé, l’ensemble manque de maitrise et ressemble un peu à un bazar passé 20 minutes. Là où Raimi arrivait à tenir son film malgré les délires nombreux qui pouvaient traverser sa saga Evil Dead, ici Jacobsson est un peu trop entrainé par son imagination, et ne soigne pas suffisamment la forme pour totalement convaincre. S’il y a par ailleurs une bonne gradation avec une fin réjouissante, en revanche il y a quelques moments de ralentissement dans le film qui cassent sa dynamique.
Visuellement, avec un tout petit budget j’ai été agréablement surpris. La mise en scène n’est pas aussi audacieuse dans ses effets que celle de Raimi, néanmoins il y a des choses vraiment intéressante à retenir. Jacobsson cite beaucoup de ses maitres à penser, mais il le fait bien et je ne sais pas si c’est voulu, mais la fin rappelle beaucoup un passage de Fantômes contre Fantômes de Jackson. La photographie est diablement eighties. Franchement dès les premières images je plaçais le film durant cette période. Au final c’est surement voulu, et ce n’est pas choquant, même s’il faut aimer le coté kitsch. Les décors sont au niveau compte tenu du budget, avec une belle variété de lieux, et surtout ils sont crédibles. Mais là où le film fait très fort c’est sur les trucages gores. Evil Ed propose pas mal d’effets gores, dont quelques-uns sont dignes de sa jaquette. Bien sur la plupart sont artisanaux, mais certains, notamment sur la fin sont très impressionnants. Enfin, musicalement la bande son n’est pas géniale. Elle est souvent en décalage avec le film lorsqu’elle est présente, et pour le reste il n’y a vraiment pas grand-chose à relever.
En somme, un film vraiment bien, qui a pour principal défaut de se transformer parfois en foutoir. Pour le reste il tient la route malgré son budget tout petit, et il mériterait une petite revalorisation de la part des fans d’horreur, car il ne démérite pas par rapport aux classiques Evil Dead ou Braindead.