La parole à Jean-Baptiste Legrand, frère d'Augustin Legrand et coréalisateur du film : "Au cours de l'action et durant plus d'une année, nous avons dû utiliser Internet puis les médias pour convaincre les citoyens de nous rejoindre et faire de la question du droit au logement une priorité politique. Des images ont été tournées et certaines diffusées sur notre site. Elles sont le témoin de cette réalité. Pendant et depuis, ce sont surtout les images des médias qui ont eu le monopole de montrer, ce sont des points de vues extérieurs qui ont relaté et dit comment et pourquoi. Nous avons souhaité reprendre la parole et faire du film une partie intégrante de l'action. Qu'il montre les vérités et les réalités de chacun. Le film raconte l'espoir et les désillusions, les engagements et les manipulationsdes politiques, la puissance des médias. Le film est surtout une nouvelle force et un nouveau souffle pour prolonger le combat. Convaincre les citoyens qu'ils peuvent et doivent agir pour que soient respectés les droits humains".
L'association n'a pas souhaité être tributaire d'une quelconque aide publique. C'est pourquoi les bénéfices éventuels réalisés sur les entrées que fera le documentaire seront intégralement versés à l'association afin d'"écrire l'acte II" comme le précise Jean-Baptiste Legrand.
Jean-Baptiste Legrand est producteur de 13 Tzameti de Gela Babluani, qui a obtenu le Lion d'or du futur à la Mostra de venise en 2005 et le Grand Prix du Jury à Sundance en 2006. Tout comme pour son frère Augustin Legrand, Enfants de Don Quichotte (acte 1) représente son premier film documentaire de long-métrage. A noter également que l'on a pu voir Augustin Legrand tenir un rôle dans Fanfan La Tulipe de Gérard Krawczyk (2003), un rôle de vendeur dans Immortel (ad vitam) d'Enki Bilal, ou encore plus récemment dans Les Deux mondes porté par Benoît Poelvoorde.
DALO est un acronyme qui signifie "Droit Au Logement Opposable". Il s'agit en fait de la loi votée le 5 mars 2007 au Parlement, qui met le logement au même rang que le droit à l'éducation ou à la santé. Elle stipule notamment que "Le droit à un logement décent et indépendant, [...], est garanti par l'État à toute personne qui, résidant sur le territoire français de façon régulière et dans des conditions de permanence [...], n'est pas en mesure d'y accéder par ses propres moyens ou de s'y maintenir" Le droit au logement opposable génère ainsi la possibilité d'entamer un recours contre l'Etat dans le cas où ce dernier ne proposerait pas un logement décent dans un délai imparti à un ménage qui en aurait la nécessité. En d'autres termes, déclaré responsable par la Justice, l'Etat se verrait alors contraint à l'indemnisation du plaignant. L'application de cette loi est défini selon deux grandes étapes : dès la fin de l'année 2008, le droit au logement opposable pourra concerner les personnes les plus démunies : SDF, femme seule ayant à charge un enfant, ainsi que les revenus les plus modestes. La seconde étape, prévu au 1er janvier 2012, précise que le droit au logement opposable s'étendra à toutes les personnes dont le logement sera jugé insalubre, indigne ou dangereux.
Le vote de la loi DALO est en grande partie dû à la mobilisation de l'association des Enfants de Don Quichotte, qui commenca à attirer l'attention des pouvoirs publics et surtout de l'opinion dès le mois d'octobre 2006, début de l'action menée par Augustin Legrand et Pascal Oumaklouf. Le 16 octobre, ils installent une centaine de tentes le long du canal Saint Martin à Paris. La veille de Noël, l'association rédige une charte, très vite signée par de nombreuses associations et par les partis politiques. Le 8 janvier 2007, après une semaine de négociations, Jean-Louis Borloo, ministre du Logement, de l'Emploi et de la Cohésion Sociale, annonce des mesures de refonte totale du système d'hébergement d'urgence. Près d'un milliard d'euro débloqué en urgence permettant de construire 80.000 logements très sociaux et 27100 places d'hébergements supplémentaires. Après le vote de la loi DALO en mars, le budget pour l'année 2008 est présenté par le gouvernement en octobre : toutes les associations fortement mobilisées le dénoncent avec force, estimant que ce budget ne permettra pas la mise en oeuvre de la loi. Depuis, les associations continuent leur combat.