Du Jim Jarmusch tout craché, un récit lent et poétique rythmé par de longues scènes fixes et calmes, des transitions silencieuses, mais aussi une merveilleuse musique de Neil Young et des dialogues profonds et réfléchis. Un film sur le parcours initiatique de William Bake venu dans la ville de Machine à l’Ouest du pays afin de trouver du travail après la mort de ses parents, mais qui va devenir un tueur contre son grès. Un fugitif à qui la tête est mise à prix. Il rencontre un indien prénommé Personne qui va le prendre pour le célèbre poète William Blake, et qui va décider d’aider ce « tueur d’homme blanc » comme il aime l’appeler. Ces deux protagonistes magnifiquement interprétés par Johnny Depp et Gary Farmer vont se lier d’amitié. Guidé par la sagesse de Personne, ses connaissances et ses paroles inspirés par celle du poète, William ira au bout de son voyage vers la mort. En parallèle de leurs péripéties, on suit les mésaventures de 3 chasseurs de primes, 3 grands criminels. Ce film en noir et blanc, imitant de vieilles techniques cinématographiques, nous plonge dans un univers de cow-boy du 19ème siècle en nous exposant les mentalités de l’époque face aux Indiens d’Amérique. Johnny Depp porte un intérêt particulier à la cause indienne, d’où son unique film « The Brave » qui sortira en 1997. Puis en 2013 les rôles seront inversés, et ce sera lui qui jouera le rôle de l’indien dans « The Lone Ranger ».
C’est un film aussi bien sérieux qu’humoristique, de part les drôles d’expressions de Personne, le running gag du tabac, certains personnages quelques peu idiots, et l’apparition hilarante d’Iggy Pop en « Sally », vêtu d’une robe de femme.
C’est un excellent western, qui sort de l’ordinaire, très agréable à regarder, apaisant et profond.
Je finirai par une citation prononcé par Personne, tiré du poème The Everlasting Gospel de William Bake « La vision du Christ que tu as est la pire ennemie de ma vision à moi. ».