Bon, 100 Tears est un film à tout petit budget, donc il faut s’attendre à un métrage ric-rac de ce coté là. Mis cela à part, on reste sur une série B plutôt sympathique.
Coté acteur c’est plutôt mauvais il faut le dire, avec un duo de héros vraiment faiblard. Les deux interprètes sont passables, mais ils jouent des personnages vides et sans intérêt, dotés de dialogues franchement pas terribles, et qui comble de surcroit la partie la moins reluisante du métrage. Du coup il est certain qu’ils gagnent tout deux une certaine impopularité lors de leurs apparitions. Raine Brown est plus intéressante, avec un personnage un peu plus excentrique, qui évolue toutefois pas forcément de manière crédible. Au milieu de tout cela finalement, c’est Jack Amos, jouant un clown tueur des plus réussis, avec quelques similitude avec le Balada Triste de de la Iglesia, et Norberto Santiago, dans un second rôle consistant, qui tirent le mieux leur épingle du jeu.
Le scénario est pour le moins inconsistant, mais il a aussi des qualités. D’abord le métrage possède une bonne gradation, conduisant à un joyeux épilogue sanglant. On regrettera en revanche une fin abrupte et pas terrible. Le rythme aussi dans l’ensemble est appréciable, avec des meurtres bien distribués et quelques passages fous des plus distrayants. 100 Tears sait aussi se montrer méchant, l’humour noir est très noir, et de fait il se démarque au milieu d’une horreur souvent assez bateau dans ce genre de film, avec notamment la récente déception de Saints. En revanche l’histoire peine à tenir la route et à passer pour autre chose que ce qu’elle est : un jeu de massacre sous un prétexte futile. L’enquête des deux journalistes est vraiment réduite à sa portion congrue (on se demande comment après autant de meurtres la police n’a pas réussi à mettre la fin sur le tueur qui visiblement ne s’encombre pas pour cacher sa piste). Les événements s’enchainent de surcroit de manière un peu saccadé, sans transition, et il y a tout de même un sérieux manque d’explication par moment.
Visuellement 100 Tears est inégal. D’un coté, pour le budget, vous allez avoir des effets horrifiques des plus réjouissants. Sanglant à souhait, 100 Tears fait parfois preuve d’un style grand-guignol des plus rafraichissants pour les amateurs du genre, et les effets sont soignés. Vous aurez aussi une mise en scène signée Marcus Koch qui est tout à fait réussie, avec même de francs bons moments (un poussage dans les escaliers, un jeu de massacre dans des cartons…). Pas de problèmes de ce coté là, le réalisateur se débrouille bien, et il exploite même habilement son style bas-budget avec un travail de caméra plus près de ses personnages, plus vivants, plus immergeant parfois. En revanche les décors sont tout de même faibles, et ne parviennent pas vraiment à faire illusion. Et la photographie à des défauts, dont celui d’être parfois trop sombre, et de se doter d’effets de style pas vraiment au point (notamment des passages en violet et noir pas justifiés). Quant à la bande son elle a été un peu laissée de coté, je n’ai rien retenu dans 100 Tears qui mérite d’être souligné.
En conclusion voilà un métrage assez sympathique, qui en tout les cas remplit le cahier des charges avec ses petits moyens : offrir une série B délicieusement roublarde et généreuse. Certes il y a un bon lot de ratés, mais 100 Tears fait parti de ces films qui, parce que pas prétentieux pour un sou et transpirant l’amour du genre, fini par emporter le morceau sans grande difficulté. Je lui donne 3.