J’ai bien apprécié la première partie, celle où une chaîne de télévision s’apprête à enregistrer les témoignages de deux hommes pris dans le conflit nord-irlandais, une trentaine d’années auparavant. L’un était un jeune adolescent, le bourreau ; l’autre, un enfant, et frère de la victime dudit bourreau. Un enfant qui a vu l’adolescent tirer sur son frère alors qu’il tapait dans un ballon contre le mur de sa maison. L’adolescent aurait pu l’abattre, il s’en est allé. La journée qui nous est donnée à voir est centrée sur l’enregistrement. Alistair (Liam Neeson) le meurtrier et Joe (James Nesbitt), le frère de la victime sont parqués chacun dans une chambre d’un château qui sert de cadre à une éventuelle réconciliation. La chaîne de télé tient là un sujet fort et élabore un scénario. Les deux hommes ne doivent pas se rencontrer de suite. Alistair a accepté volontiers l’invitation, il est assis confortablement dans un fauteuil face à la caméra dans un salon, il se dit apaisé. Il commence son intervention qui n’est rien d’autre qu’une confession puis le preneur de son l’interrompt en raison d’un bruit. Il faut recommencer. Le ton solennel, grave, et cela se comprend compte tenu du sujet, est subitement cassé. Pourtant, Alistair reprend sur le même ton, il semble maîtriser ses émotions, tel un acteur. Joe est terriblement nerveux dans sa chambre. Il attend qu’Alistair ait terminé. C’est fait, il peut descendre le rejoindre, franchir la porte du salon où le meurtrier de son frère l’attend toujours assis dans un fauteuil. Plus d’une fois, Joe manque de satisfaire à ce rendez-vous télé. Plus d’une fois il veut abandonner. Il est venu en traînant des pieds. Sa nervosité est telle qu’on se demande si tout va bien se passer. On le sent instable. Rencontrera-t-il Alistair ou fuira-t-il au dernier moment ? Il descend les escaliers ; devant lui, la caméra avec le caméraman et sa suite dont le producteur. Un peu avant d’arriver devant la porte du salon, le caméraman qui a descendu les escaliers à reculons et malgré qu’il ait été guidé par un de ses camarades, manque la dernière marche. La marche de trop. Tout est à refaire. Joe, déjà nerveux n’est pas enclin à refaire la scène. Ce peut être l’alibi parfait pour fuir. Dans le salon, Alistair paraît à son tour nerveux, rien de comparable à Joe. Il entend et perçoit la colère de Joe dans le hall. Elle n’annonce rien de bon. Joe va-t-il franchir la porte du salon ? S’il passe la porte quelle sera sa réaction ? Acceptera-t-il ses remords, ses regrets ? Lui pardonnera-t-il ? L'agressera-t-il ? Alistair s'est levé de son fauteuil et se précipite vers la porte, focus sur la poignée. Je n’en dirai pas plus. Toute cette partie est mise en scène avec une intensité palpable. Il y a un petit air de thriller. Au lieu de filmer une rencontre naturelle, saisir une spontanéité, la chaîne télé choisit de mettre en scène et maîtriser les émotions de ces deux hommes rongés par un passé violent. A voir en V.O évidemment et pour découvrir durant cette deuxième partie l’issue de cette rencontre où Liam Neeson et James Nesbitt assurent.