Avec 9mm, le réalisateur belge Taylan Barman tourne pour la première fois en dehors de Bruxelles. Il explique : "À l'origine, l'histoire se déroulait à Bruxelles. Mais le CRRAV (le fonds audiovisuel du Nord-Pas-de-Calais) nous a promis des subsides si nous filmions dans le Nord de la France. Pour mon scénario, il me fallait simplement une grande ville. Lille pouvait très bien faire l'affaire. J'ai dû un peu chercher la localisation exacte. J'avais besoin de rues ordinaires où tout le monde cohabite, pauvres et riches. À Bruxelles, on trouve beaucoup de zones urbaines mixtes. En France, la différence est plus marquée entre les quartiers résidentiels et les ghettos."
L'acteur principal de 9mm est le Belge Morgan Marinne, révélé par les frères Dardenne avec Le Fils, en 2002 (il a retravaillé avec eux depuis pour Le Silence de Lorna). Le jeune comédien raconte l'expérience 9mm : "J'ai plus de difficultés à rentrer dans ce personnage-ci plutôt que dans ceux des films des frères Dardenne par exemple. La difficulté ici provient du fait que c'est très long. Il y a beaucoup de répétitions. Pour moi, plus on répète, plus il est difficile de rentrer dans le personnage. Mais on y est obligé pour le placement de la caméra, pour la lumière et plein de choses. Il y a des plans-séquences qui durent plus de 4 minutes et pour moi c'est tout nouveau. Avec les Dardenne c'est différent. Il y a moins de répétitions, plus de prises et plus de changements d'axes."
Avec 9mm, le réalisateur belge Taylan Barman (Au-delà de Gibraltar) procède à une véritable évolution de son cinéma. "Je ne l'ai pas fait délibérément, mais avec 9mm, je m'affranchis de l'étiquette de cinéaste de l'immigration, du réalisateur obsédé par les quartiers défavorisés", explique-t-il. "J'ai d'autres choses à raconter. Mes films précédents y conduisaient logiquement mais aujourd'hui, je n'ai plus envie de parler à longueur d'interviews de l'injustice dont sont victimes les immigrés ou qu'ils commettent parfois."
9mm a été présenté en Compétition au Festival de São Paulo, au Brésil.