Habitué à faire des films autobiographiques, René Féret a dédié Comme une étoile dans la nuit à sa nièce et à son compagnon qui ont réellement vécu cette histoire. "Je continue à être davantage séduit par l'observation des autres que par l'invention d'un scénario et d'un récit, confie le réalisateur. Là, il y a six ou sept ans, ma nièce a vécu cette histoire, celle de perdre injustement son ami atteint du syndrome d'Hodgkin. J'ai d'abord été frappé par le côté odieux de ce qui lui arrivait, et en même temps, tout en restant assez loin d'eux, j'ai perçu à quel point leur attitude était revêtue de dignité, d'amour et de classe. A la mort de son compagnon, je lui ai envoyé une lettre pour lui exprimer mon admiration: c'est celle que l'on retrouve à la fin du film et que lit le médecin. Les années ont passé et il y a un an, cette tragédie m'est revenue sous la forme d'un film possible, mais j'étais gêné et j'ai mis six mois avant d'oser le dire à ma nièce. J'avais cette idée, mais je la chassais parce que je trouvais déplacé de récupérer une telle matière pour en faire un film. Et puis une fois, en la voyant, je lui ai dit que tout ça ferait un film formidable. Elle a réagi d'une façon très positive en répondant : "J'aime beaucoup tes films et si tu décidais de raconter cette histoire, j'en serais ravie parce que tout cela reste très vivant dans ma mémoire.""
C'est au cours de plusieurs dîners avec sa nièce que René Féret a pu connaître les circonstances exactes de son histoire. "Finalement, on a dû se voir quatre fois deux heures de façon complètement informelle, au point que je n'ai pris aucune note, confie le réalisateur. J'ai juste été attentif tout en faisant en sorte de créer une relation plutôt joyeuse. A partir de là, j'ai écrit le scénario en quinze jours. Elle l'a lu et elle m'a dit : "Ce n'est pas ça et, en même temps, c'est complètement ça, donc ça me va totalement." Comme je suis paresseux de nature, je n'ai plus jamais touché à rien de ce que j'avais écrit. J'ai juste retravaillé quelques éléments de dialogue au moment du tournage à sa demande. Selon ma nièce, c'était la quintessence de ce qu'elle avait vécu et même si le scénario s'éloignait de la réalité dans sa forme et par rapport à ce qui avait été dit vraiment, toutes les séquences du film sont le fruit de ce qu'elle m'a raconté sur des faits précis."
René Féret a tenu à intégrer sa nièce dans le processus cinématographique proprement dit, parce qu'il craignait qu'elle ne découvre le film terminé en projection publique, et qu'elle se sente violentée. Comme le tournage s'est effectué en trois périodes séparées dans le temps, le réalisateur a fait en sorte de lui montrer des séquences montées au fur et à mesure. Sa nièce est également venue une journée sur le tournage.
Salomé Stévenin a d'abord accepté de jouer dans le film, puis elle s'est rétractée. René Féret en explique les raisons : "Elle ne se voyait pas dans un personnage de la petite bourgeoisie qui s'exprime d'une façon parfois littéraire. Sortant de Douches froides, elle aimait coller au personnage, au physique comme au langage. Ici, elle avait vraiment du mal quand elle lisait les phrases, elle me disait : "Je ne peux pas dire ça !" Et je lui rétorquais : "Mais le personnage peut le dire. Il faut donc que tu deviennes le personnage." A un moment donné, elle m'a dit qu'elle ne sentait pas ce rôle, puis elle a fini par accepter de mettre des jupes et de porter des hauts talons."
René Féret a eu beaucoup de mal à trouver l'acteur qui interpréterait le personnage masculin et ce n'est que quelques semaines avant le début du tournage qu'il a rencontré Nicolas Giraud. "Jusqu'alors, les gens que j'avais vus faisaient vraiment trop acteurs, confie le réalisateur. Lui non. D'ailleurs, avant lui, j'ai été très longtemps sur le choix d'un non-acteur qui finalement a eu peur et que je sentais trop fragile. C'est au moment où il a jeté l'éponge que j'ai rencontré Nicolas, que j'ai choisi pour son côté concret. Le personnage qu'il devait incarner est un petit ingénieur carré, droit et simple. Or il possède toutes ces qualités dans la vie. Et je me disais que s'il exprimait toutes ces impressions, il suffisait qu'il meure pour qu'on soit vraiment avec lui."