Tunnel Rats est un des films adultes de Boll, un de ceux qui assument une certaine portée intellectuelle. Sincèrement je n’imaginais pas que ce-dernier pouvait s’attaquer à un sujet sérieux avec sérieux, et pourtant si.
Tunnel Rats est loin d’être parfait, mais il n’est pas mal du tout. Son casting est assez bon. Pas beaucoup de tête bien connues en dehors du récurrent Michael Paré, très présent dans le cinéma de Boll, et pourtant c’est convenable. Dans l’ensemble les acteurs sont investis dans leurs rôles, des rôles pas si faciles que cela, et rendent avec un certain talent les émotions des personnages. Si Wilson Bethel est efficace, je dois dire que celui qui m’a le plus marqué c’est Nate Parker.
Le scénario de son coté exploite un sujet finalement pas si connu que cela de la guerre du Vietnam. Boll utilise sa bonne idée avec intelligence, pour développer un scénario qui évite les pièges du film de guerre : sombrer dans le film d’action pur et dur, sombrer dans le patriotisme exagéré, le misérabilisme ou le manichéisme. Tunnel Rats est capable de prendre son temps, le début paraitra d’ailleurs longuet à ceux qui attendent de la baston, il est respectueux des « rats des tunnels » et leur rend un hommage sincère et réaliste sans tomber dans le panégyrique outrancier ou dans le mélodrame abusif. Par ailleurs Boll, avec une certaine naïveté qui apparait toujours un peu dans ses films, essaye de montrer que l’ennemi n’est pas moins humain lui aussi. C’est un peu caricatural, mais louable comme intention. Pour ma part le scénario m’a paru intelligent, bien documenté, et se concluant de façon réussie. Le rythme est parfois languissant, surtout dans la première demi-heure, mais ensuite c’est solide.
Sur la forme, Boll s’en sort aléatoirement. Sa mise en scène manque clairement de la fluidité, et de l’ampleur nécessaire pour le genre qu’est le film de guerre. Il s’en sort beaucoup mieux dans les galeries en fait, que lors des combats en extérieur. Certaines séquences sont bonnes, d’autres sont moyennes, d’autres paraitront quand même peu au niveau. Il fallait reconnaitre aussi que Boll devait composer avec un budget serré. La photographie est discutable. Les séquences en exterieur ont une esthétique très froide, qui surprend étant donné que l’on est censé être au Vietnam. Les séquences dans les tunnels sont souvent trop sombres, et parfois difficilement lisibles. Dommage. Les décors pour leur part sont bons. Les tunnels sont crédibles, la forêt est dense. Si la reconstitution du campement est restreinte compte tenu du budget, ce que l’on voit tient la route. A noter que comme tout film sur la guerre du Vietnam qui se respecte, Boll a introduit quelques effets violents, voir gores. Ce n’est pas son métrage le plus violent, quelques séquences pourront néanmoins choquer un public non averti. Je relève aussi une bonne musique, et notamment une intro sur un générique décapant qui m’a mis dans les meilleures dispositions, c’est vrai, pour noter le film. Au sein même du métrage, la musique est plus discrète.
En clair, Boll a fait un travail convenable, et il aurait mérité pour le coup de ne pas se vautrer au box office. C’est loin d’être le meilleur film sur la guerre du Vietnam, mais il est intelligent, appliqué, on sent que le réalisateur maitrise vraiment les codes du film de guerre. Je crois qu’avec un budget supérieur, il aurait pu livrer une très bonne partition. A voir, au moins pour le sujet traité, et peut-être, pour renouer avec un réalisateur souvent mal aimé