L’analyse des internautes Cine vu et annatar003 est juste. "Anamorph" nous plonge dans une enquête aussi sordide que glauque menée par l’inspecteur Stan Aubray (Willem Dafoe), lequel est en proie à des souvenirs douloureux hérités de sa dernière enquête cinq ans plus tôt, et contre lesquels il se bat de toutes les façons possibles et imaginables. Nous nous prenons donc de sympathie envers ce personnage, et c’est en toute logique que nous l’accompagnons dans cette sombre enquête qui ressemble étrangement à celle qui l’a plongé dans les tourments qu’on lui connait. L’intrigue est donc très rapidement prenante, et l’aspect fade du film nous fait mesurer d'une part la difficulté de mener une telle enquête agrémentée judicieusement ici et là de flashbacks tendant vers la couleur sépia, et l’horreur des meurtres d'autre part. Ces derniers sont millimétrés, frisant un certain génie, et en cela ils sont comparables aux meurtres vus dans "Seven". Mais ici, rien à voir avec les sept péchés capitaux, nous voilà confrontés à un mode opératoire qui nous fait intéresser à la peinture de l’époque Moyen-Age, et plus précisément Renaissance, et dont la mise en œuvre nous rappelle également les supplices infligés aux victimes qui ont été utilisés lors de cette époque. Voilà pour ce qui est de l’ingéniosité du film. Il est dommage de voir des incohérences : alors que l’inspecteur Stan Aubray est à la recherche d’une anagramme depuis le nom d’une personne, comment arrive-t-il à trouver le mot clé qui va donner un nouvel élan à son enquête ? Car il n’y a plus d’anagramme… J’étais parti pour donner 5 étoiles à ce film, mais il en perdu une sur ce coup. Et que dire de la fin qui est effectivement bâclée ? Oui je dis bâclée car lorsque le générique de fin arrive, nous n’avons connaissance d’aucun tenant ni aboutissant de l’histoire. Pour un film qui se voulait thriller psychologique, c’est un comble ! Et hop, une étoile supplémentaire de perdue. C’est dommage car le sujet était vraiment très prenant, mais il tombe à plat car nous restons sur notre faim. Willem Dafoe interprète à merveille son personnage, bien épaulé par Scott Speedman, Peter Stormare, et dans une moindre mesure Clea Duvall, cantonnés à des rôles secondaires mais qui ont une belle part d’importance dans la profondeur et la progression du récit. La musique accompagne bien le film qui est lui-même d’une façon générale bien filmé. Si ce n’était pas la trouvaille un peu parachutée du mot clé, et de la fin précipitée, nul doute que ça aurait été un grand film acclamé par le grand public, car la créativité, l’ingéniosité et l’ambiance sont là. Ce qui me fait dire que nous ne sommes pas passés loin d’une merveille cinématographique, et c’est à se demander comment on peut arriver à gâcher en deux coups de cuillère à pot une œuvre ayant un tel potentiel… Pour finir, certaines images étant assez gores, je m’étonne que le film ne comporte pas de restrictions relatives à l’âge des spectateurs. Pour moins que ça, certains films sont déclarés inaccessibles aux moins de 12 ans…