En Patagonie, l'un des objets les plus importants de la vie quotidienne est une sorte de poêle appelé « Salamandra ». Ce poêle est souvent fait d’un simple baril et aide à lutter contre le froid. La « Salamandra » sert à faire cuire des petits pains, les « chapatis », qui servent de base à l’alimentation des habitants de cette région. La fumée qui se dégage de ces poêles sert de repère aux visiteurs pour savoir si les maisons sont occupées et donne à leurs occupants un parfum qui les caractérise. Tout le film raconte et se passe dans cette région de la Patagonie, d’où le titre !
« El Bolsón est la vallée mythique de la Patagonie Argentine. C’était La Mecque du hippisme dans les années 70 ; c’est le lieu où Butch Cassidy et le sheriff Martin Sheffield, qui le poursuivait, se sont réunis pour se partager le butin et ont semé des familles aux enfants blonds ; c’est le refuge de toutes sortes de réchappés fuyant la dictature, Nuremberg, la police, une famille écrasante, la folie, la guerre nucléaire… (...) On dit qu’à el Bolsòn, il y a des gnomes, que c’est un noyau énergétique de la planète, que les ovnis vont atterrir sur ses montagnes (dans un lieu précis, appelé Roca del tiempo)… El Bolsón a une concentration inouïe de cultes et courants mystiques, de monastères appartenant à des branches de l’église catholique jusqu’à des communautés guidées par le calendrier maya, d’un immense temple de Saï Baba à une mosquée, la seule en Patagonie, cachée dans la forêt… »
« Quand on a trouvé le petit Joaquin à El Bolsón, j’ai tout d’abord eu peur de son intensité, au point que j’ai failli lui donner un rôle secondaire. Je ne crois pas avoir remarqué au premier coup d’œil les cicatrices laissées sur sa joue par les crocs d’un Bull Dog, ni ses dents ravagées (que l’on a refaites pour le tournage, puis ramenées à leur destruction initiale pour les dernières scènes), j’ai simplement senti qu’il était « chargé ». Tout au long du tournage, j’ai peu à peu appris à réprimer mes directives envahissantes pour laisser la place à son instinct. »
« En Argentine, à El Bolsón, à une certaine époque, le folklorique et le forain se confondent. Des Indiens en t-shirt de Megadeath et des typiques gauchos de la Pampa à l’accent anglais. J’ai passé mon enfance à côté de John Cale, dans un village cosmopolite de la Patagonie. Mon John Cale s’appelait en réalité Mike Cook, c’était un dealer anglais à la voix oxydée, notre héros vilain, notre beau monstre. Le « vrai » Mike Cook a été retrouvé une balle dans la tête. J’ai donc recréé une situation déjà vécue : Un tango de Goyeneche (le plus grand chanteur de tango après Gardel) joué autour du feu, avec scies et bouteilles (un son des cavernes), chanté par un étranger. Pour incarner Dick Winter (Mike Cook), personnage à la fois mythique et déjanté, je cherchais un chanteur anglo-saxon ayant eu son heure gloire et qui aurait pu vraiment s’installer à El Bolsón comme tant d’autres. John Cale correspondait tout à fait à ce profil, il a su saisir l’intention du film et se métamorphoser au point que les techniciens le prenaient pour un loueur de chevaux. »
« Il me semblait impossible qu’une actrice incarne Alba. Nous avons privilégié pendant des mois, un casting de non professionnelles. Mais Alba n’était pas là. J’ai donc accepté des rencontres avec des actrices et la surprise est arrivée là où je l’attendais le moins. C’est Dolores Fonzii, peut-être l’actrice de sa génération la plus connue en Argentine. Il a suffi de la rencontrer, de discuter, de répéter un peu pour me rendre compte combien elle est vivante, ici et maintenant. »