Remarquée par la fraîcheur de sa première oeuvre ("Old Joy") , Kelly Reichardt revient avec un nouveau film minimaliste dont la Nature reste le principal protagoniste. Il suffit d'une fille et de son chien pour que le récit soit lancé ; soit l'histoire d'une jeune paumée qui voyage en Amérique et qui finit par perdre son meilleur compagnon. Critique de l'individualisme qui régit les sociétés, "Wendy et Lucy" est aussi un film qui rappelle le cinéma de Van Sant dans son approche sensitive faite de scènes closes, intimes, toujours au plus près des visages et des corps. La cinéaste filme, en harmonie avec la Nature (de simples feuillages suffisent), le délabrement des hommes. Et centre son objectif sur les oubliés, jeunes ou vieux, dont la vie est passée inaperçue aux yeux du Monde. Cette manière de filmer les marginaux fait l'essence du film ; s'y découvrent de jeunes SDF autour d'un feu, un vieux flic qui passe ses journées à attendre, et notre héroïne, formidable de présence (Michelle Williams, excellente), exténuée par l'injustice de son destin. "Wendy et Lucy" joue donc de ce minimalisme de situation mais, malgré son cachet 'indépendant' tout à fait charmant, Kelly Reichardt ne fait rien pour nous inviter à la conquête du chien de cette jeune femme perdue dans un si grand monde. Ses malheurs auraient pu être les notres, mais l'absence totale de scénario et la platitude des péripéties ne peuvent que nous figer d'ennui. Il y a une certaine sensibilité lorsque les visages sont filmés de près, un contact avec les personnages qui nous rapprochent un peu plus de cette infime odyssée, seulement ce quotidien morne et sans merveille manque d'un épanouissement solaire, ou même d'une scène poignante, pour nous faire partager cette histoire d'amitié maintes fois rabâchée, entre l'homme et l'animal. La dernière scène, que l'on espérait culminante et déchirante, n'est en fait qu'une mince cadence, courte et discrète, certes modeste et sans effet lacrymal mais auquel il manque l