Leçon de cinéma, essence même de la réalisation, souvent les mots tombent (sur ce blog également) mais la définition ou la comparaison n'est jamais atteinte. On essaiera pour une fois de ne parler ni de fond, ni de forme, mettre de côté sens propre et figuré pour parler simplement de ce petit "objet discret", sujet de séduction. Kelly Reichardt, déjà remarquée avec l'original et précieux Old Joy, sait "faire du cinéma". Pas mieux ni moins bien que celui d'antan, que celui moderne, classique ou contemporain, codifié et ampli de références, non, juste un cinéma sensitif. On filme des êtres, des parcours, un personnage "conducteur" de désir et porteur de désir. Le désir serait ici celui d'une liberté, liberté d'une réalisatrice dans son acte créatif et liberté de projection (on le sent très fortement). Ainsi Michelle Williams (-les chiens ne "vont" pas avec les chats- mouais !!! hmmhmm sic.) joue magnifiquement la sublime partition écrite par Reichardt. Ainsi, Williams, géniale de charisme, belle de bohême, triste d'espoir invisible, reste forte; un regard suffit, une intonation souligne l'ensemble et le tout est fort d'un corps, par son aura, développe le petit rien qui fait le tout de ce personnage principal. Elle est présente et relief de ce que Reichardt veut nous montrer en simplicité et temps condensé (comme quoi, inutile de faire un "fardeau" de 2h00), une désillusion sociale made in USA, un constat et en parallèle faire vivre son personnage à travers ses vraies valeurs. D'une absence cachée à un passage incognito dans une ville du nord ouest US, le personnage joué par Williams laisse alors en paradoxe un goût amer de tristesse d'une réalité et un espoir d'un renouveau meilleur. Film porteur et fort, on souhaite seulement que le cinéma nous offre plus souvent ce genre de moment condensé et magique.