Direction l'usine 420 en Chine, une usine militaire d'état construite pendant la guerre de Corée, dans les années 1950 à Chengdu. Cette usine modèle des valeurs Communistes et sa cité ouvrière vont être détruites sous nos yeux pour laisser place à un complexe immobilier de luxe. Pour vivre cet instant symbolique, du Communisme laissant la place au Capitalisme, 8 personnages attachés de près ou de loin à cette usine se livrent devant la caméra.
Le cinéaste Chinois Jia Zhang Ke (Still Life) utilise la forme du documentaire pour dresser les portraits des 8 intervenants. Plan fixe, face caméra, on a l'impression que ces hommes et ces femmes s'adressent à nous directement, comme ils le feraient lors d'une discussion amicale. Ces moments de confidence, souvent nostalgiques et émouvants, sont partagés avec beaucoup de justesse. Ils aimaient leur usine et leur cité ouvrière, vraie petite ville à l'intérieur de la ville, avec tout le confort (cinéma, écoles,…). Mais on se rend également compte de l'état d'enfermement et d'asservissement dans lesquels l'usine les maintenait. Au fil de leurs histoires on revit les grands événements qui ont marqué la Chine (Rév Culturelle, Guerre de Corée et Vietnam,…), c'est passionnant d'avoir cette vision, de l'intérieur, des choses. Le réalisateur fait intervenir des personnages réels, des vrais ouvriers de l'usine, alors que d'autres sont des acteurs, mais à l'écran on ne fait pas vraiment la différence tellement l'ensemble paraît authentique.
Un film très poétique, aidé en cela par des citations de poètes qui viennent conclurent les séquences. La bande originale de Lim Giong est vraiment excellente!. Les images sont belles, esthétiques, lumineuses, par moment c'est de l'art photographique. Jia Zhang Ke est un très bon réalisateur, son film est parfaitement maîtrisé, il en est d'ailleurs le réalisateur, le scénariste et le producteur ! Si vous aimez écouter les gens raconter leurs histoires, ce film vous plaira, pour ma part j'ai adoré!