Bon autant le dire de suite et éviter de tourner autour du pot trois heures, "La horde" n'est pas de ce genre de cinéma élitiste qui veut faire travailler notre matière grise avec poésie, idées nouvelles et maestria. Sans s'embêter avec trop de détails et une intro qui trainerait en longueur, Yannick Dahan et Benjamin Rocher, dont c'est le premier film, nous projètent sans mettre de gants au cœur de leur carnage. Et oui, qui a dit que le cinéma n'avait pas également pour mission de divertir et d'être super efficace, et pas toujours de faire réfléchir, dénoncer ou se la jouer premier de la classe ? Même si loin de moi est l'idée de cracher dans la soupe et de dénaturer le cinéma euh comment dire... ah oui, moins accessible, plus intimiste et/ou "intello", il est bon de se poser devant un bon film d'horreur dopé a l'extasy et qui ne se prend pas la tête ! C'est ce qu'est, en gros, "La horde", sanglant film de zombie dans le ciel du cinéma français qui en voit débarquer de plus en plus ces derniers temps, et pas toujours avec l'adresse connue à nos amis anglo-saxons dans ce rayon déjà ultra peuplé. A ce niveau, celui-ci peut s'apparenter sans trop de problèmes à une presque-réussite dans le genre, notamment à l'échelle hexagonale. Avec sa photographie sophistiquée, travaillée, au grain bien crade (dans le très bon sens du terme !) qui sent le macadam à plein nez, et sa mise en scène très nerveuse, "La horde" a de fortes allures de jeu vidéo explosif et violent, qui réjouiront les fans de ce genre totalement décomplexé. Mais ce shoot'em up horrifique et brutal pèche un peu sur quelques niveaux. Le scénario n'a rien de bien original, et parfois même à des airs de déjà-vu tant il s'inspire de nombreux films de série Z auxquels il rend hommage (on pense souvent aux œuvres du grand spécialiste du genre, Romero). On aurait aimé qu'il sonde un peu plus (ou un peu mieux) son côté série B, voir même polar, qu'il essaye d'avoir dans les premières minutes (d'ailleurs là on voit bien les références à "Assaut" de Carpenter), et qu'il laisse bien trop vite tombé, ainsi que des dialogues un peu mieux écrits et moins pauvres, qui en plus ne sont pas toujours servi par des comédiens au diapason. C'est là aussi où le bat blesse cruellement. Car même l'expérimentée, et pourtant talentueuse, Claude Perron ne tire que trop rarement son épingle du jeu. On la voit mal explosé autant de cranes de morts-vivants à mains nues, avec ses bras de mante-religieuse et ses 50 kilos toute mouillée, mais bon... Et plusieurs seconds rôles ne sont pas les Sean Penn de demain, ça c'est certain ! La mention spéciale au niveau interprétation revient sans contestation possible à l'excellent Yves Pignot, un des acteurs fétiches de Dupontel, qui incarne avec une pêche d'enfer René, un retraité déjanté et ancien d'Indochine regrettant le bon vieux temps des combats au front, dont la passe-temps favori est la boucherie aux zombies ! Drôle, barjot et décalé, son personnage est un des meilleurs atouts de ce long-métrage, qui prend même plus d'épaisseur à partir de son apparition à l'écran. On peut même dire sans hésiter qu'il aurait beaucoup perdu si Pignot n'était pas présent au générique, oh que oui ! Niveau réalisation, on sent énormément d'amour pour ce cinéma, une belle culture vidéo-club, et une grosse envie de mettre un rythme soutenu et survitaminé, 100% à fond la caisse avec 0% de répit. C'est bête qu'elle soit aussi bancale et un peu trop stéréotypée. On assiste en quelque sorte à un film de fans, dont l'image est aboutie et soignée, au détriment d'une mise en scène de qualité et d'une vraie direction d'acteurs. En somme, le film français qui va (enfin) révolutionné le cinéma d'horreur tricolore n'est pas encore arrivé, mais "La horde" aurait pu prétendre être celui-là sans souci, sans ses maladresses et avec un script plus élaboré et de meilleurs comédiens. On se dit que c'est vraiment bien dommage car franchement, il déménage bien quand même ! D'autres critiques sur http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/