Hollywood, attentive à l’évolution de la société américaine, a vu dans le jeune nolife l’avènement d’une cible de choix. Un raté, flemmard et connecté, abreuvé de CNN et de super-héros, qui se débat dans des questionnements d’adolescent et un portefeuille d’adulte : une aubaine. Alors, les grands pontes californiens ont étudié pour lui une soupe personnalisée, des histoires dont VOUS êtes le héros. Kick-ass, Very bad trip, tant de films qui offrent un interlude extraordinaire et médiatique à des énergumènes vides et sans relief. Qui exaucent, l’espace d’un métrage, leur doux rêve d’être portés au firmament, de profiter eux aussi d’une minute de gloire, plus si possible. Bradley Cooper, en passe de se spécialiser dans le genre, est ici l’heureux bénéficiaire d’une super-cocaïne aux effets ravageurs. Chaque prise lui reconnecte les neurones, le propulse pour une journée de supériorité intellectuelle dévastatrice. Avouons-le, l’idée est bonne. Mais elle est dangereuse, et il ne faudrait pas choquer le spectateur lambda. Qu’est-ce qui fédère la masse à moindre risque, qu’est-ce qui retient aujourd’hui la population yankee sous une seule bannière ? Une idée : le rêve américain. Liberté, pouvoir et pognon. Loin de remettre en cause ce précepte, Limitless se contente d’opposer les générations, en montrant bien que si les moyens progressent, les desseins demeurent. Eddie Morra ne fera rien de son don, rien de grand, rien d’universel. Il n’y voit qu’un tremplin professionnel, un booster de carrière, de quoi amasser fric et alliés politiques. Etre quelqu’un aux yeux du monde. Et ce n’est sûrement pas Neil Burger qui l’en empêchera. Quelle ambition.