Oscar et la Dame Rose n'est autre que l'adaptation du roman homonyme d'Eric-Emmanuel Schmitt.
Pour Eric-Emmanuel Schmitt, confier le rôle principal à Michèle Laroque relevait de l'évidence. " Il y a chez elle cet aspect acide, aigu, énervé, bourru du personnage que j'avais vu, avec en même temps une certaine élégance, une vraie tendresse, une humanité, confie-t-il. Je me suis dit qu'elle avait à la fois les épines et les pétales nécessaires pour jouer une rose... "
" Il est très confiant, très calme, très doux... Il est aussi très pointu : il sait exactement ce qu'il veut mais en même temps, il sait écouter et recevoir. J'en parlais avec le décorateur Jean-Jacques Gernolle qui me disait : " C'est fou l'espace qu'il nous a laissé malgré tout ". C'est son sujet, il le connaît parfaitement, il a écrit ce livre, il en a rêvé mais il n'avait aucune crainte, il ne nous communiquait aucun stress, aucune tension. Lorsque parfois, il y avait des contresens sur des répliques, Eric-Emmanuel nous expliquait d'une manière admirable, comme peu de réalisateurs savent le faire, comment rectifier le tir. "
La grande panique d'Eric-Emmanuel Schmitt, c'était de ne pas trouver l'enfant. Le réalisateur se souvient : " Quand on avançait dans la préparation, je répétais : " Mais comment voulez-vous que je fasse un film avec un rôle principal que je ne connais pas. Je ne sais même pas s'il existe ! ". J'ai d'abord vu Amir sur cassette, en plan arrêté. Je me souviens m'être dit : " Pourvu qu'il soit bon parce que physiquement c'est exactement ça ! ". Et dès qu'il s'est mis à parler - son timbre, sa voix, son intelligence, sa joie de vivre - j'ai tout de suite été convaincu, plus que ça, émerveillé. Je n'étais que le premier : il a bouleversé toutes les personnes qui travaillaient sur le film. "
Eric-Emmanuel Schmitt connaissait Max von Sydow pour avoir failli travailler avec lui sur l'une de ses pièces. " Il appartient à mes plus grands souvenirs de cinéma, raconte le réalisateur. Dans ces cycles de ciné-club que j'évoquais, il y avait les films de Bergman. Bergman aimait le cinéma parce que, disait-il, " c'est le théâtre des visages ". J'ai voulu faire du cinéma pour me rapprocher des visages. Et parmi eux il y a celui de Max von Sydow. Il porte en lui la douleur et l'impuissance du docteur Düsseldorf, la vraie et belle faiblesse humaine sur un physique de géant. Il entrait dans ma logique de conte... Alors je l'ai contacté... et je suis tombé sur un de mes lecteurs ! Max avait lu " Oscar et la dame rose ", " L'Evangile selon Pilate "... Ça a collé tout de suite entre nous. "
Le tournage des scènes entre Oscar et Rose a été extrêmement éprouvant sur le plan émotionnel. " J'ai remarqué que, sur ces séquences difficiles, c'était souvent les enfants qui nous mettaient à l'aise, raconte Eric-Emmanuel Schmitt. Le jour où j'ai montré son costume final, blanc, à Amir, il m'a dit : " Chouette ! Mon pyjama pour mourir ! ". C'est nous, adultes, qui souvent compliquons les choses. Eux sont heureux de jouer, de raconter une belle histoire, d'incarner des personnages, d'exprimer des sentiments... "
Eric-Emmanuel Schmitt avoue avoir éprouvé une certaine appréhension à filmer la mort d'Oscar. " Max était bouleversé, se souvient le metteur en scène. Michèle, entre chaque clap, cédait aux émotions qu'elle avait retenues pendant la prise. Quant à moi, pour une fois, je restais rivé à mon combo car si je parlais à quelqu'un sur le plateau je me mettais à pleurer... Les techniciens fixaient le plafond avec les yeux rouges. On a fini par en rire, naturellement : avec Michèle, on nommait ce genre de moment les " journées oignon " ! Tout le monde sur le tournage, des enfants aux techniciens, avait envie de raconter cette histoire-là et cela impliquait un rendez-vous avec de nombreux pics émotionnels. Pour moi, c'était violent ; je suis habitué à être ému tout seul quand j'écris. Là, avec le cinéma, j'ai découvert la beauté de partager ces émotions. "
C'est durant la phase de montage que la collaboration entre Eric-Emmanuel Schmitt et le compositeur Michel Legrand a pris forme. " Michel Legrand m'a beaucoup aidé, avoue le cinéaste. Au fur et à mesure qu'il découvrait le montage, il me demandait de lui laisser le temps de vivre ses sentiments, d'en écrire la musique... Michel Legrand et moi, nous avons une amitié qui dure depuis plusieurs années et, pour Oscar, c'est lui qui m'a poussé, moi, l'écrivain, à faire confiance aux seules images sans dialogues - donc à la musique ! "