Miel est le troisième volet de la "Trilogie de Yusuf", après Yumurta (2007) et Milk (2008). Le réalisateur turque Semih Kaplanoglu nous explique que "l'idée de cette trilogie [lui] est venue en retravaillant un scénario correspondant plus ou moins à l’histoire de Milk, lorsque Yusuf est à l’université": "En élaborant le personnage de Yusuf, j'imaginais l'adulte que deviendrait ce jeune homme (Yumurta), et l'enfant qu'il aurait pu être (Miel). [...] On m'a souvent demandé si les trois Yusuf étaient le même homme, mais je préfère ne pas répondre, et préserver le secret du personnage, les relations directes et indirectes entre les films, leurs mystères".
Dans la trilogie dont fait partie le film, le personnage de Yusuf est inspiré des propres jeunesse et enfance du metteur en scène en espérant prétendre au réalisme. Dans Miel, ses difficultés à l’école pour apprendre à lire et à écrire, les questions auxquelles les adultes ne répondaient pas, l’intense cruauté et l’intense richesse de la nature… "D’une certaine manière, la curiosité avec laquelle les enfants découvrent le monde forge leur personnalité, ils atteignent la vérité grâce à leur naïveté, leurs rêves, joies et chagrins", précise Semih Kaplanoglu.
Nous avons recherché Yusuf pendant plusieurs mois, dans de nombreuses écoles primaires, villes et villages de la région. Mais parmi les centaines de garçons rencontrés, aucun ne convenait au réalisateur. Après deux mois de recherche, en revenant d’un repérage, Semih Kaplanoglu aperçut Bora Altas sur son vélo : "Je suis alors sorti de la voiture et me suis présenté. J’ai senti immédiatement qu’il était le Yusuf que je cherchais : un garçon sensible, intelligent, avec un monde à lui".
Selon le réalisateur de Miel, l'acteur Bora Altas a un caractère très différent de son personnage : "Nous avons travaillé dur, avec patience pour lui faire interpréter son personnage. J’essayais de lui expliquer le film scène par scène, et nous avons développé des liens basés sur la confiance. Je pense avoir travaillé avec lui comme avec des acteurs adultes. N’ayant pas d’enfant, je n’avais pas d’expérience et j’ai beaucoup appris en m’appliquant à ce que ce jeune garçon se concentre sur son rôle".
Pour Yusuf et son père apiculteur, la forêt est un monde à part, où vivent des arbres ancestraux et majestueux, et de mystérieuses créatures. Le réalisateur se souvient :"Nous avons travaillé dans différents lieux, et en particulier dans des forêts où les ruches sont présentes depuis des siècles. Ces forêts sont situées à 30 ou 40 kilomètres les unes des autres, à des altitudes différentes, et elles abritent des espèces d’arbres très différentes".
Miel a été tourné aux alentours de Camlihemsin, un petit village non loin de la Mer Noire, au Nord-Est de la Turquie. Le metteur en scène Semih Kaplanoglu a choisi cette région parce qu’elle correspondait au type de forêt qu'il recherchait. Certains lieux étant inaccessibles en voiture, l'équipe du film devait grimper à pied, avec tout l’équipement sur les épaules, pour filmer dans des endroits très escarpés où l’on pouvait à peine tenir debout.
La côte de la Mer Noire a également un climat particulièrement imprévisible. Le réalisateur nous explique que "en une heure, nous pouvions avoir successivement de la pluie, du soleil et du brouillard. Respecter la continuité des scènes n’a donc pas été une mince affaire. Si je regarde mon carnet de tournage, je me rends compte qu’il a plu 39 jours sur 48".
L'équipe du film Miel a travaillé dans des villages de montagne où les gens essaient encore de vivre selon des traditions et dans des conditions dictées par la nature, mais vouées à disparaître. On assiste là-bas à la destruction des ressources en eau au profit de centrales électriques. "C’est un problème dont il faut prendre conscience de toute urgence", s'alarme Semih Kaplanoglu en 2010.