Pour la première fois de sa carrière, Nicolas Winding Refn (révélé par le succès de "Pusher") ne signe pas le scénario et s'attèle unilatéralement à la mise en scène.
Mise en scène sobre, glaciale sans être glaçante (le rythme qui nous est proposé est si lent que l'on peine à rentrer de plein fouet dans l'histoire à cause des plans larges donnant cette impression de flottaison permanente), électrique (forcément punchy à l'image du Driver qui vire du tout au tout en fonction des situations), mystique (grâce à une photographie de nuit noir-bleutée pas désagréable). Le réalisateur de "Bronson" ne s'affranchit pas des codes créés quelques années plus tôt par ses prédécesseurs (Scorsese, Mann), se réapproprie l'univers de ces peintres contemporains pour faire ressortir un nouveau visage de la Cité des Anges. Ce n'est pas le petit frère de "Collateral", "Casino" ou "L.A. confidential", "Drive" est bien le renouveau du polar urbain des années 2000 (la statuette cannoise de 2011 pour le Prix de la mise en scène (!) ne va pas dire le contraire), le sujet traité s'apparentant pourtant au genre du thriller.
Il n'en est rien, Nicolas le réalisateur, sous le fond d'une trame classique (un driver, cascadeur de jour et chauffeur pour les truands de nuit, va se retrouver dans l'obligation de faire cavalier seul suite à un braquage qui implique ses commanditaires), arrive à rehausser le genre en impulsant une réelle tension dramatique. Cette nervosité (le réalisme, donc) se fait ressentir grâce aux éléments poisseux que le scénariste a réussi à renflouer dans son histoire : personnage principal (le driver) qu'on ne connaît pas mais qui nous devient familier.
Le driver, incarné ici par le beau gosse Ryan Gosling (déjà connu pour "Calculs meurtriers", "La faille" avec Hopkins, il acquiert avec ce rôle la reconnaissance internationale) roule des mécaniques pour le plus grand plaisir des spectateurs. Très bien filmé par Winding Refn, le réalisateur de "Only god forgives" fait passer, selon moi, Gosling dans le rang d'un McQueen. Comment ne pas faire de similitudes entre le "Bullitt" de Peter Yates et "Drive" ? Alors oui, la comparaison n'a pas peut être pas lieu d'être, Ryan Gosling n'a ni la carrure et ni le charisme d'un Steve McQueen, cependant il faut admettre que Ryan tient le film sur ses épaules, comme le faisait McQueen dans le film de Monsieur Yates. Et de renforcer ainsi l'aspect western urbain, tout comme son prédécesseur.
Dans les seconds couteaux, on se délectera simplement de la présence imposante minimum de Ron "Hellboy" Perlman, découvert par Annaud sur sa "Guerre du feu".
A l'atmosphère embrunie de "Drive", on ajoute de l'électro à la sauce 80's qui fait mal aux oreilles comme lorsque l'on appuie sur l'accélérateur sur autoroute. Mauvais point !, Nicolas.
Et l'on obtient "Drive" (2011), véritable polar de part une atmosphère très bien retranscrite (merci Nicolas) et thriller made in Hollywood par la belle gueule Gosling.
Un bon divertissement qui ne fait finalement... que divertir. Winding Refn aurait dû lâcher la pédale de frein. Dommage !
Pour les accrocs de polar uniquement. Les autres, sortez de la voiture !
2 étoiles sur 4.
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