Un concept séduisant sur le papier, parcourir 40 ans de vie politique et sociale française à travers le regard de quelques personnages clés. Cette réhabilitation soixante-huitarde s'avère pourtant être un échec. La non-crédibilité pour commencer. En quatre décennies, Yannick Renier ne prend pas une seule ride. Une mèche blanche george-cloonesque est censée à elle-seule trahir l'avancée du temps. Deux hypothèses s'offrent donc à nous, soit il a découvert la fontaine de Jouvence, se gardant bien de dévoiler son secret, soit le mec chargé du maquillage est une grosse quiche. Perso, je vote pour la seconde solution. C'est le genre de détail qui flingue littéralement la crédibilité du film. Deusio, la durée. 2h40, cela ne relève plus du cinéma mais de la séance d'auto-flagellation. Quand on dépasse les cinq pauses pipi pour un film, c'est mauvais signe. Autre défaut, le recours abusif au pathos. Tordons le cou une fois pour toute à l'idée selon laquelle un bon film fait forcément chialer. C'est faux, surtout quand on emploie à outrance ce procédé. Franchement, à un moment j'ai cru que tous les personnages allaient y passer, que ce soit à cause d'une attaque terroriste, du retour de la peste noire ou encore de la déclaration de candidature de Christine Boutin aux présidentielles. J'en viens donc au plus polémique des défauts, celui de l'engagement politique. L'objectif initial était évident, fêter le quarantenaire de mai 68 (et bien sûr remplir facilement le tiroir caisse, ne soyons pas dupes). Certes, mais pourquoi tirer à boulets rouges sur la droite à tel point de perdre toute crédibilité. On cite même les ennemis (cf Boutin), histoire de bien leur cracher publiquement sur la gueule. Moi, ça m'a mis mal à l'aise, et pourtant je suis loin d'être de droite. Et vas-y que je dénonce le vilain capitalisme, la guerre et tout ça. Olivier Ducastel passe le film à enfoncer des portes ouvertes. Dernière chose qui m'a gêné, la visée ultra-pédagogique de "Nés en 68". Chaque étape jugée essentielle nous est décrite avec lourdeur, que ce soit l'intervention radio de De Gaulle, la loi sur l'IVG, l'élection de Mitterrand, le scandale du sang contaminé, l'élection de Chirac et la dissolution de l'assemblée, l'instauration du PACS et enfin l'élection de Sarkozy. C'est chiant, disons-le clairement. On a l'impression d'être devant un reportage d'Arte. Bref, le film-hommage qui ne parvient pas à sortir du carcan qu'il s'est imposé dès le départ.