Amat Escalante, le réalisateur de Los Bastardos, revient sur le thème central du film, l'immigration mexicaine : "Je crois que ce film est devenu beaucoup plus important et opportun aujourd'hui que lorsque je l'ai écrit. De ce que j'ai pu observer en grandissant de part et d'autre de la frontière, la crise de l'immigration actuelle, en particulier dans les états frontaliers du Mexique et des Etats-Unis, s'est véritablement intensifiée. Los Bastardos est le fruit de mes expériences personnelles : d'une certaine tristesse, d'une véritable préoccupation pour ce peuple qui est le mien et d'un intérêt pour cet étrange pays vers lequel tant de gens affluent dans le seul dessein illusoire d'engranger un maximum d'argent en un minimum de temps."
Le réalisateur Amat Escalante revient sur la genèse de Los Bastardos, une genèse à laquelle il est particulièrement lié : "J'ai commencé à travailler sur le script bien avant que l'immigration mexicaine n'atteigne la situation critique actuelle. C'est un projet qui a vu le jour naturellement. Son origine n'est pas tant une certaine idée que je m'en fais, mais tout simplement la personne que je suis : le fils d'un immigré clandestin."
Pour Amat Escalante, Los Bastardos "traite de la pire tragédie qui puisse arriver à un être humain ou un pays, celle de devenir délibérement un meurtrier. Je ne crois pas qu'il soit dans la nature humaine de commettre un meurtre de sang froid. Je suis persuadé que seule une dégénérescence de celle-ci peut conduire quelqu'un à cette extrémité. Je tiens absolument à différencier les meurtres de sang froid de l'auto-défense et/ou de la vengeance. Ces deux dernières formes ne sont pas les motivations premières des deux personnages du film, bien que les origines de leur crime résident dans la passion et le désir de vengeance d'un homme trompé."
A travers son film Los Bastardos, le réalisateur Amat Escalante adresse un message fort aux spectateurs : "Nous devons prendre soin de notre société et nous décoller de nos canapés pour nous confronter à la dure réalité de notre monde. Faute de quoi nous vivrons et mourrons à l'image de ce que nous avons été amené à considérer comme une normalité à travers nos écrans de télévision : un monde où règne une violence dictée par la peur, la cupidité et la misère et où une minorité d'entre nous se partage les meilleures choses de la vie."
Jesús Moisés Rodriguez et Rubén Sosa, les deux acteurs principaux de Los Bastardos, ne sont pas des professionnels du métier. Ils sont tous deux ouvriers dans le même quartier de Mexico et le réalisateur Amat Escalante les a choisi afin, dit-il, que "tous les spectateurs comprennent ce à quoi un homme peut être réduit dans une société gouvernée par l'argent."
Los Bastardos a été présenté à Cannes en 2008 en sélection officielle, dans la section Un Certain Regard. La même année, le long-métrage a par ailleurs remporté le Prix du Meilleur film au Festival du Film de Sitges, dans la catégorie New Visions.
Le chef monteur de Los Bastardos est le Turc Ayhan Ergürsel, qui a monté tous les films du cinéaste Nuri Bilge Ceylan (Uzak, Les Trois singes).