L'histoire d'une actrice qui va se laisser aller à l'amour pour un acteur aux instincts de toréador, fasciné par le fascisme et la drogue, avec tout ce que ça implique à la libération de l'Italie.
Le visage de Bellucci sur un écran de cinéma est un cadeau qui nous fait revenir plusieurs décennies en arrière, ou le mot star voulait encore dire quelque chose. Sauf qu'en plus, on a une actrice contemporaine qui sait jouer.
Après, on peut éventuellement suivre le film. Quand on arrive à décrocher du visage de la madone pour lire les sous titres !
Surprise, avec une histoire rebutante, une réalisation un peu plate et classique dans le mauvais sens du terme, et un budget pas forcément à la hauteur, on est devant un très beau film.
En dehors de la musique et de la photo plutôt réussies, le jeu des acteurs et la construction des personnages est superbe.
On échappe grâce au sujet à la mièvrerie habituelle des sagas historiques, et on accepte le jeu chaotique mais recherché des flash backs incessants.
Pour l'acteur principal, son personnage et son charisme, on pense souvent à Picasso ou (le talent mis à part) à Depardieu et à sa mie d'un instant Carole Bouquet. Car on a toujours du mal à comprendre le mythe de la belle et la bête. Et pourtant, les people de tous bords nous montrent souvent des exemples de femmes qui craquent pour des monstres de suffisance tendance tête à claque et tape à l'oeil, sinon laids.
Bellucci qui a le bon goût personnel de trouver un homme, un vrai, n'est que plus méritante de jouer l'autre type de femme, celle qui reste un mystère pour les gens qui réfléchissent et calculent logiquement. Et que les mots argotiques excellent à résumer !
Bien sûr, le côté historique « classique » empêche un nouveau « Tango à Paris », mais le réalisateur s'en sort quand même bien, et nous donne beaucoup de plaisir à s'émouvoir des turpitudes de la suffisance cabotine artistique. Qui a du mal à affronter les pires époques de la guerre. On peut également dire que c'est un « Je hais les acteurs » à la sauce italienne, tant leurs mauvais côtés sont dépecés à l'écran. Et le fascisme ambiant ne permet pas de rire. L'astuce est de passer à côté de l'horreur ou de la vulgarité, les scènes trop dures nous sont épargnées pour mieux jouir des nuances s'avérant bien pires car non émotionnelles.
Enfin, le générique de début en noir et blanc est bien pensé et le générique de fin est simplement magnifique, véritable hommage esthétique et sensible à la magie du cinématographe. Bravo !
Les pisses froids y verront un petit film, rempli de clichés que l'on a vu dans beaucoup de longs métrages précédents, mais si le charme de l'ensemble leur échappe, tant pis pour eux.