Ultimatum s'inspire du roman En retard pour la guerre écrit par Valérie Zenatti et publié aux Editions de L'Olivier / Points. Née à Nice en 1970, celle-ci a vécu toute son adolescence en Israël, expérience qui l'a profondément marquée. Elle a écrit une dizaine de livres traduits dans plusieurs pays et primés aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie, au Mexique...
C'est la rencontre du réalisateur Alain Tasma avec la romancière Valérie Zenatti ainsi que son désir de tourner en Israël qui ont constitué le point de départ d'Ultimatum. " Valérie avait commencé à écrire "En retard pour la guerre", et elle m'en a parlé brièvement, confie le cinéaste. Je me souvenais de l'impact incroyable qu'avait eu dans le monde la période précédant la guerre : les menaces portées par Saddam Hussein, les émissions de télévision où l'on nous assurait, sur fond de musique anxiogène, que l'Irak possédait la troisième armée du monde. J'y ai vu un sujet de film : des jeunes gens venus d'Europe qui se retrouvent pris dans les violences de l'Histoire et qui l'assument plus ou moins. Comment se vit au quotidien une menace de mort ? Comment réagit-on à cette tension ? J'ai proposé à Valérie que nous travaillions ensemble : avançaient en parallèle son roman et notre scénario, qui ont autant de similitudes que de différences. Le livre est centré sur l'amitié entre deux filles, le film est davantage sur le couple que forment Luisa et Nathanaël. "
A travers ses films, Alain Tasma dit avoir l'ambition de participer un peu au regard porté sur la marche du monde : non pas en idéologue ou en militant, mais en raconteur d'histoires, en mettant toujours l'individu au centre de l'Histoire (avec un grand H). " Face à une situation (une tension) donnée, j'essaye de comprendre comment et pourquoi on en est arrivé là, confie le réalisateur. Par ailleurs, diriger dans une langue étrangère, être secoué, bousculé par une réalité qui n'est pas la mienne, ce sont des choses que je recherche. L'expérience du tournage est une expérience de vie. Mon métier ne se résume pas à ramener un film : ce qui se vit pendant sa préparation et sa fabrication est essentiel. "
Pour raconter cette histoire qui se déroule dans un pays étranger au sien, le cinéaste français Alain Tasma a fait appel à des "témoins" venus d'Europe, qui ont une culture et une sensibilité proches des siennes. " Ils deviennent alors mon regard, confie le metteur en scène. C'est pour moi la clé nécessaire. Ma légitimité est dans ce filtre. Ensuite, il se trouve que Valérie Zenatti, qui était en Israël en 1990/91, possède une mémoire exceptionnelle, aussi bien sensorielle qu'événementielle. Pour moi, ce fond de réalité est capital : je peux imaginer des relations psychologiques, quel que soit le pays, quelle que soit l'époque mais pas le fond historique. Sur le tournage, l'équipe israélienne était bluffée par la précision des souvenirs de Valérie. La participation au film de plusieurs très grands acteurs israéliens étaient pour moi la preuve que nous ne faisions pas fausse route. "
Au stade de l'écriture, le personnage de Luisa n'était pas d'origine italienne. " Mais je ne trouvais pas en France d'actrice pour ce rôle qui me touchait comme me touche Jasmine, explique Alain Tasma. Ou, plutôt, aucune ne rendait possible à mes yeux sa relation avec Nathanaël, le fait qu'elle reste avec un garçon qui ne la traite pas toujours très bien. Jasmine a cette douceur, cette "pureté" un peu naïve, qui justifie, je crois, qu'elle ne plaque pas Nathanaël. Elle l'aime, elle le materne et supporte beaucoup. J'avais découvert Jasmine, comme tout le monde, dans La Chambre du fils, et j'avais envie de la filmer : elle ne se considère pas tout à fait comme une actrice, et je crois que cette modestie apporte beaucoup à Luisa. Comme Gaspard Ulliel, elle a beaucoup travaillé pour apprendre son texte en hébreu, et les Israéliens de l'équipe l'ont jugée tout à fait crédible. "
Alain Tasma connaissait Gaspard Ulliel pour l'avoir croisé à plusieurs reprises lors de séances de casting, mais aux dires du cinéaste il était à chaque fois ou trop jeune ou trop vieux pour le rôle envisagé. " Ici, le personnage a été écrit pour lui, explique le réalisateur. J'aimais l'idée d'un personnage complexe, fermé, dur et... amoureux. Il est si mal dans sa peau qu'il en devient destructeur. Gaspard a eu le talent de rendre crédible un tel personnage. "
Ultimatum s'est d'abord intitulé La Loi du plus fort.